“Louha, louha !” Ces lamentations poussées dans un immense instinct de survie par la petite Dania, continuent de hanter l'esprit de Kamel et celui de tous ces jeunes volontaires qui ont accouru mercredi dernier vers l'immeuble de Baouali Mahdi, situé au bord de la RN 12 et qui s'était affaissé comme une falaise. Un immeuble qui ne laisse pas insensible. Il abrite ce fameux café-restaurant qui accueillait tous les habitués de la route Alger-Tizi Ouzou. Dania, âgée de 15 ans, est la fille cadette du patron. Ce jour-là, elle s'était enfermée dans une chambre du dernier étage pour réviser ses leçons. Une ultime leçon puisque le bout de chou allait se retrouver en un rien de temps projeté jusqu'au sous-sol. Le reste de sa maison n'étant qu'un amas de ruines. Son corps frêle de gamine s'est coincé entre une plaque de béton et une planche qui la serrait jusqu'à l'étouffer. Téméraire, elle résiste stoïquement quatre longues heures en attendant la vaine arrivée des secours. Pendant ce temps, les jeunes volontaires tentent de l'extirper de là. “Louha Louha !” répondait-elle simplement aux appels des vaillants bénévoles qui tentaient de la localiser dans cet immense montagne de ruines et en plein milieu de la nuit. Ses cris lancinants continuèrent à se faire entendre jusqu'à ce qu'une détonation déchire le silence de la nuit vers 23h. Une voiture de type Partner enfouie sous les décombres venait de prendre feu. Les pompiers n'étant pas encore arrivés, on se rabat sur les moyens de bord. L'atmosphère devient irrespirable. Les citoyens évitent de s'approcher du lieu tant l'odeur fut asphyxiante. Il a fallu une vingtaine de minutes pour éteindre le feu. Mais il était déjà trop tard. La voix innocente de Dania s'est tue. A jamais… Son corps a été retiré jeudi vers 12h. C'est la seule victime de sa famille. C'est la mort la plus affligeante.