Une décision qui a certainement irrité le président sud-africain. Le chef du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) Jacob Zuma va pouvoir librement briguer la présidence sud-africaine en 2009, après l'invalidation vendredi des poursuites à son égard dans une affaire de corruption. “C'est une victoire !” a lancé devant des milliers de militants Jacob Zuma, après avoir entonné un chant guerrier zoulou. Le juge Chris Nicholson du tribunal de Pietermaritzburg a accepté la requête en non-lieu de la défense dans le procès pour corruption du chef de l'ANC, motivant sa décision par le fait que le parquet n'avait pas entendu Zuma avant de l'inculper. Une question de procédure qui de fait est d'ordre politique. Incarcérer le numéro un de l'ANC de surcroît très populaire, c'est prendre le risque d'allumer le feu en Afrique du Sud, déjà suffisamment mis à mal par la mondialisation. Les avocats du populaire tribun avaient déposé cet énième recours en annulation dès l'ouverture du procès mi-août, arguant que les conditions de son inculpation violaient ses droits constitutionnels. Les accusations pour corruption, fraude, racket et blanchiment d'argent sont donc levées contre le leader de l'ANC, mais “l'Etat peut choisir de poursuivre le requérant sur n'importe quelle autre procédure”, a souligné le juge Nicholson. Jacob Zuma, 66 ans, avait été inculpé une première fois dans ce dossier, après la condamnation en 2005 à 15 ans de réclusion criminelle de son conseiller financier Shabir Shaik, mais un juge avait annulé les poursuites faute de preuves. Le juge Nicholson a trouvé curieux que Zuma n'ait pas été poursuivi en même temps que son conseiller financier. Le favori à la présidence de la République était soupçonné d'avoir accepté, alors qu'il était vice-président du pays (1999-2005), des pots-de-vin d'une filiale du groupe français Thales. Il aurait demandé 500 000 rands (68 000 euros) par an pour empêcher que l'entreprise soit inquiétée dans le cadre d'une enquête sur un contrat d'armement. Après la condamnation de Shaik, le chef de l'Etat Thabo Mbeki avait limogé Zuma de la vice-présidence de la République. Ce dernier a pris sa revanche en décembre en emportant la présidence de l'ANC face à Mbeki, à l'issue d'un congrès aux allures de révolution interne. Dix jours plus tard, il était inculpé pour la deuxième fois dans la même affaire. Depuis, ses partisans ont multiplié les attaques contre la justice, estimant qu'elle était manipulée par le clan Mbeki pour empêcher leur héros de devenir président de la République. Les allégations de complot politique n'étaient peut-être pas totalement infondées, selon le juge Nicholson, en faisant référence à une influence politique négative. Zuma va toutefois devoir continuer à travailler pour améliorer son image, entachée tant à l'étranger qu'à l'intérieur par ses déboires judiciaires. D. B.