Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne doivent se réunir, demain à Bruxelles, pour décider de l'envoi de 200 observateurs de l'UE en Géorgie. Les observateurs estiment que la Russie a tiré profit des lacunes et des ambiguïtés des textes successifs de cessez-le-feu négociés par les représentants de l'UE. En effet, à voir de près, Moscou, par la voie des armes, puis des négociations, a imposé une série de faits accomplis qui compliqueront le déploiement des observateurs internationaux. Une chose est sûre, le morcellement de la Géorgie est pratiquement entériné. Les troupes russes ont quitté l'ouest de la Géorgie pour se cantonner en Ossétie du Sud et dans l'Abkhazie, les deux provinces sécessionnistes qui ont proclamé leur indépendance, que Moscou s'est empressé de reconnaître en vertu du précédent du Kosovo. Devant un parterre d'experts du club de réflexion Valdaï, réunis vendredi à Moscou, le chef de l'Etat russe, Dmitri Medvedev, a eu des mots très durs pour qualifier l'opération lancée par la Géorgie dans la nuit du 7 au 8 août sur le territoire séparatiste prorusse d'Ossétie du Sud. “Presque immédiatement après ces évènements, il m'est venu à l'esprit que pour la Russie, le 8 août 2008 était presque comme un 11 septembre 2001 aux Etats-Unis”, a-t-il déclaré pour justifier la contre offensive et la riposte russe. Moscou devait faire savoir que chasser dans ses frontières, c'est s'exposer à ses réactions, soulignant que l'intervention militaire russe était “inévitable”, et se serait produite “même si la Géorgie avait été officiellement candidate à l'adhésion à l'Otan”. Reste que le retrait des troupes, selon l'accord de cessez-le-feu du 12 août, s'est fait sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités. Par ailleurs, le 8 septembre, les émissaires européens à Moscou ont accepté de formaliser l'idée d'un retrait russe partiel, vers l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie seulement. Les Européens espèrent pouvoir grignoter du terrain en poussant les Russes vers leurs frontières avec les deux provinces séparatistes. En attendant, ils doivent se satisfaire que les missions de l'ONU et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) présentes depuis les années 1990 dans ces enclaves devront rester en conformité avec leurs effectifs et leur schéma de déploiement antérieurs. Moscou exige une surveillance de l'ensemble des équipements militaires géorgiens, même ceux situés loin de la zone de conflit. Le fond de la question est loin d'être abordé. D. B.