Hier, sur l'ensemble des plages du pays, en général, et de la région est, en particulier, les maîtres nageurs ont rangé définitivement leurs emblèmes aux trois couleurs clôturant, officiellement, la saison estivale. Car, en fait, la fréquentation des plages, à l'inverse de l'activité touristique proprement dite, est liée aux caprices de Dame Nature qu'aux fondamentaux économique, politique et même religieux. Ils sont toujours les mêmes, soit une menace pour une hypothétique industrie touristique florissante. D'où, sur le terrain, on assiste encore une fois au même constat d'échec. En effet, cette année, c'est surtout la région est du pays qui a créé l'événement touristique de la saison estivale. Malheureusement, l'actualité fut douloureuse avec les émeutes de Chétaïbi (Annaba), ceux avortés de justesse à la Marsa (Skikda) et ceux qu'El-Kala (El-Tarf) a déjà vécus l'année dernière. Ramené par un discours officiel dépassé à une simple activité en plein air, soit la nage, le tourisme national qui pèse, selon le ministère, plus de 93 millions d'estivants, est rejeté par les populations auxquelles il est censé apporter un plus. Dans cette logique, le recours au concept que quelques plages-pilotes a été synonyme d'un véritable délestage par les pouvoirs publics du reste des sites. Populisme oblige, on ne saura jamais combien de nuitées on été enregistrées et de combien est la régression du nombre des touristes étrangers qui ont fréquenté nos plages cette année par rapport à l'année dernière. Dommage, car la bonne gouvernance se fait à partir d'un diagnostic serein, crédible et sincère, même sur la base de données peu reluisantes. L'enjeu est de taille. Aucun gouvernement dans le monde ne pourra prendre la décision qu'il faut sur la base de fausses données. Le vent qui a soufflé cette année depuis l'est du pays sur le paysage touristique national n'a pas apporté le changement tant attendu en matière de gestion touristique. À Annaba, à El-Tarf et à Skikda, comme au ministère du Tourisme, on continue à donner à l'opinion publique le nombre des baigneurs au lieu de celui des touristes, à l'heure où les Algériens connaissent, par cœur, les détails des agrégats de l'économie touristique de l'ensemble du bassin méditerranéen. Mourad KEZZAR