Le constructeur automobile Renault devrait implanter son usine de production de voitures dans la wilaya de Jijel. Même si les négociations entre les représentants du gouvernement algérien et ceux de Renault se poursuivent toujours, certains estiment que le projet serait implanté sur un site vierge. A première vue, la wilaya de Jijel aurait été choisie en raison des atouts dont elle dispose pour accueillir un tel projet. Pour commencer, une zone industrielle, celle de Bellara, d'une superficie de cinq cents hectares. Cette zone créée au début des années 1980 était destinée à accueillir un important complexe sidérurgique qui n'a jamais vu le jour. La superficie de Bellara pourrait non seulement abriter une usine de fabrication de voitures particulières mais aussi d'autres unités de production d'accessoires et de pièces de rechange. L'autre atout de cette région, le port de Djendjen. Ce dernier est devenu, ces deux dernières années, le premier port du pays dans l'importation des véhicules. En plus du port, la région s'est dotée d'un important réseau de chemin de fer et de routes. Pas très loin de Jijel, le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, dans la wilaya de Annaba, pourrait assurer les besoins de la future usine Renault en acier. L'acier représente la moitié du poids d'une voiture et 15% de son coût à la production. Pour une voiture d'un poids total de 1,4 tonne pas moins de 700 kg sont constitués d'acier. Et pour produire 70 000 véhicules, il ne faudrait pas moins de 50 000 tonnes d'acier par an que le complexe sidérurgique d'El-Hadjar serait appelé à fournir. Autre matériau important dans la production d'une voiture, le plastique. Ce dernier représente 12% du poids moyen d'un véhicule. Le complexe pétrochimique de Skikda serait appelé lui aussi à fournir la matière première plastique à la future usine de voiture. Enfin, la ville de Jijel est connue pour son usine de production de verre plat. Une usine qui s'est spécialisé dans la production de pare-brise de voiture. Si au début le site du complexe de véhicules industriels de Rouiba était le plus indiqué pour l'implantation de l'usine Renault, la donne aurait complètement changé après la signature d'un récent accord entre l'émirati Aabar Investments et les constructeurs automobiles allemands Mercedes Benz et Daimler, et la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) au siège du ministère de la Défense nationale. Cet accord prévoit la production de 8 500 véhicules industriels par an de marque Mercedes-Benz avant d'atteindre une capacité de 16 500 véhicules au bout de cinq ans. Des objectifs qui permettraient à la SNVI d'utiliser toutes ses capacités de production au niveau des ateliers pour réaliser un tel objectif de production. Actuellement, la SNVI produit un maximum de 3 000 véhicules industriels par an. D'où cette décision de choisir un site vierge pour l'usine Renault de production de véhicules particuliers en Algérie. L'Algérie reste le premier marché en Afrique pour Renault. En 2010, Renault avait écoulé près de 44 790 voitures en Algérie. L'autre filiale de la marque au Losange, Dacia, avait vendu la même année plus de 18 570 voitures. D'où la volonté du constructeur français d'investir en Algérie. Et si celui-ci arriverait à réaliser une intégration locale dans la production d'un véhicule dépassant les 40%, les marchés des pays arabes s'ouvriront à Renault dans le cadre de l'accord de la zone arabe de libre échange. Mais il n'y a pas que Renault qui négocie l'implantation d'une usine de fabrication en Algérie. Volkswagen, le plus grand constructeur européen de voitures, aspire lui aussi à s'implanter dans le pays. La marque allemande serait encouragée par la récente conclusion d'un l'accord entre Mercedes-Benz et Daimler, et la SNVI. Le constructeur allemand est lui aussi convaincu que le marché algérien, qui avoisine les 300 000 véhicules par an, reste le plus porteur du continent africain. Et que seuls ceux qui auront l'audace d'y implanter des usines de production de voitures peuvent renforcer, à long terme, leur position sur le marché algérien. Réda C.