Soumeylou Boubeye Maïga, ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, ont abordé les questions bilatérales et la situation dans la région sahélienne, dans un entretien qu'ils ont accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont ils étaient les invités de la rédaction. Soumeylou Boubeye Maïga, ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, ont abordé les questions bilatérales et la situation dans la région sahélienne, dans un entretien qu'ils ont accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont ils étaient les invités de la rédaction. Le ministre malien a noté, avec satisfaction, la grande convergence de vues entre l'Algérie et le Mali sur l'analyse de la situation régionale. Il rappelle que la situation sécuritaire dans la vaste région du Sahel n'est pas nouvelle, il s'y est développé une criminalité transnationale qui a mené à une connexion des réseaux mafieux et du terrorisme. M. Messahel a exprimé la volonté partagée pour une dynamique nouvelle dans la région tenant compte du défi qu'elle pose. Pour M. Maïga, la coopération bilatérale vise à assurer la stabilité à la région par le développement socioéconomique des zones frontalières de l'ensemble des pays qui la composent. Il estime que l'option militaire est indispensable mais elle n'est pas la seule. Concernant le Comité d'état-major opérationnel conjoint (CEMOC) regroupant l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, il fait observer que c'est un outil nouveau, un acquis important. Il faut le consolider, dit-il, et le développer en s'inscrivant dans la durée. Il estime qu'il y a une volonté d'aller plus loin dans cette coopération. Vers la fin mai, une réunion regroupera l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger pour faire face à la situation dans le Sahel, annonce M. Messahel qui fait remarquer que la circulation illicite d'armes légères constitue une réelle menace parce qu'elles sont utilisées par la mafia et le terrorisme. Il fait constater que la situation en Libye a fait de ce pays un dépôt d'armes à ciel ouvert. A ce propos, le ministre malien relève les dérives dans la mise en œuvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU et l'escalade de l'action militaire en Libye. Il note en parallèle le consensus autour de la feuille de route de l'Union africaine. Il rappelle que l'Union africaine ne parle pas de départ de Kadhafi, une question, dit-il, qui relève de la souveraineté libyenne. Il estime qu'il y a une évolution vers une plus grande flexibilité au sein du CNT (Conseil national de transition). Abdelkader Messahel fait observer qu'il y a deux logiques autour de ce conflit : une logique de guerre et une logique de paix. L'Afrique, ajoute-t-il, est inscrite dans une logique de paix. Il souligne que l'Union africaine est intervenue avec sa feuille de route avant la résolution 1973. Maintenant, il y a les impératifs d'un cessez-le-feu immédiat sans conditions, d'un cessez-le-feu vérifiable et de la prise en charge des problèmes humanitaires. M. Messahel rappelle que les pays voisins de la Libye ont reçu un flot de réfugiés qui travaillaient dans ce pays qui était une terre de convivialité. Il cite également l'impératif du dialogue entre les parties libyennes et la prise en charge des aspirations du peuple libyen qui relèvent de ce peuple lui-même. Le ministre algérien revient sur la résolution 1973 pour souligner que la réalité sur le terrain est largement éloignée de l'esprit et de la lettre de cette résolution. Pour M. Maïga, l'embargo sur les armes doit toucher toutes les parties, y compris les insurgés, il note le risque d'avoir plus de conseillers militaires sur le terrain que de forces combattantes. L'Union africaine continue de travailler avec les forces de la coalition pour les aider à sortir de leur propre piège, fait savoir le ministre malien. Il fait remarquer que l'initiative de l'Union africaine ne plaît pas à tout le monde. M. Messahel révèle que les chefs d'Etat africains (Afrique du Sud, Congo, Ouganda et Mauritanie) n'ont pas été autorisés par les Nations unies à aller en Libye, ce n'est que par la suite qu'ils ont pu se rendre à Tripoli et à Benghazi. M. Messahel note trois aspects : la résolution 1973 est interprétée différemment, elle doit être respectée, dit-il ; il faut, poursuit-il, arriver à une synergie entre les efforts de l'Union africaine et de l'ONU pour la recherche d'une solution et d'un cessez-le-feu ; le dialogue doit se poursuivre pour ramener la paix dans ce pays. La situation en Libye comporte un potentiel de nuisances et de risques majeurs pour toute la région, conclut M. Messahel. Lakhdar A.