Malgré les appels répétés de la communauté internationale à mettre fin aux violences qui embrasent le pays depuis la mi-mars, le régime syrien réprime toujours ses opposants. Des militants des droits de l'Homme font déjà état de plusieurs morts et blessés, alors que des milliers d'opposants au président Bachar Al-Assad défilent à travers le pays en ce vendredi du défi, bravant l'interdiction édictée par le ministère de l'Intérieu, selon des sources françaises. A Homs, cité industrielle située à 160 km au nord de Damas, cinq personnes ont été tuées et deux autres blessées par balles. Des chars ont pris position dans divers endroits du centre et plusieurs quartiers périphériques. Les services de sécurité, à l'aide de haut-parleurs placés sur des camionnettes, ont appelé les habitants ayant participé à des manifestations à se rendre au commissariat de leur quartier, «s'ils ne veulent pas être arrêtés et punis». Ils sommaient également les commerçants de rentrer chez eux et les habitants de ne pas sortir. Dans la manifestation à Homs Selon le site de Youth Syria Freedom, des tirs intenses sont entendus dans la ville au niveau du rond-point du Caire, et l'armée empêcherait la population et les manifestants d'entrer dans une clinique. D'après un militant des droits de l'homme sur place, «des dizaines de personnes ont été arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi dans plusieurs quartiers de la ville». En prévision de rassemblements possibles, le pouvoir a également déployé des chars dans le quartier de Barzeh, en banlieue de Damas. En début d'après-midi, la police secrète a arrêté Riad Seif, chef de l'opposition syrienne, alors que ce dernier se rendait à une manifestation, selon des militants des droits de l'homme présents dans la capitale. A Barzeh, les manifestants défilent à la mémoire des martyrs. Dans la capitale, une manifestation a eu lieu à la mosquée Hassan, dans le quartier de Midane. A Sakba, près de Damas, des milliers de personnes ont défilé en réclamant la chute du régime et la libération des prisonniers. Jeudi, 300 personnes avaient été arrêtées dans cette localité. Les populations kurdes se sont également mobilisées dans le nord du pays. D'après des militants, des manifestations réunissant plus de 2 000 personnes chacune avaient lieu à Kamichli, Amouda et Al-Dirbassiyeh. Plusieurs milliers de personnes manifestaient également dans l'est de la Syrie pour réclamer plus de liberté politique dans le cadre d'un pays uni, selon un responsable kurde. En outre, selon un militant des droits de l'homme, 2 500 personnes ont manifesté à Baniyas, où sont massés des dizaines de chars et blindés et d'importants renforts de troupes, et d'autres ont défilé à Kafar Noubol, à 240 km au nord de Damas, à Deir ez-Zor, à 460 km à l'est de la capitale, et à Al-Bukamal, une localité frontalière avec l'Irak. A Alep, deuxième ville de Syrie, des partisans du régime ont dispersé par la force un sit-in d'étudiants, selon des militants. Les étudiants, qui se trouvaient dans la faculté de la ville, demandaient la libération de leurs camarades arrêtés récemment. Seule Deraa, épicentre de la contestation, connaissait un vendredi du défi calme. L'armée a poursuivi son retrait de la ville. «Le départ des troupes se fait graduellement», a déclaré le général Riad Haddad, directeur du département politique de l'armée syrienne. Jeudi, l'armée avait commencé à se retirer de la ville. Dans le même temps, elle a poursuivi sa campagne d'arrestations avec les forces de sécurité. Les contestataires, qui exigeaient à l'origine la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus et la fin de la suprématie du parti Baas, réclament désormais la chute du régime. Bachar Al-Assad avait levé le 21 avril l'état d'urgence en vigueur depuis près de cinquante ans, mais la répression a continué, suscitant des condamnations internationales, mais pas encore de sanctions concrètes. Depuis le début de la répression à la mi-mars, près de 600 personnes ont été tuées à travers la Syrie, en majorité à Deraa, selon des ONG. Le nombre de personnes «détenues ou disparues pourrait dépasser les 8 000», a ajouté mardi Wissam Tarif, directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'Homme Insan aux même sources françaises. R. I.