I) Une importante étude «Le Maghreb dans son environnement régional et international : la coopération Europe-Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales» (1) du professeur Abderrahmane Mebtoul, expert international en management stratégique, a été publiée le 28 avril 2011 par l'Institut français des relations internationales (IFRI), un centre de recherche sur les grandes questions internationales européennes et mondiales animé par des personnalités politiques et scientifiques de renom qui se retrouve dans le classement du top 10 mondial des think tanks. I) Une importante étude «Le Maghreb dans son environnement régional et international : la coopération Europe-Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales» (1) du professeur Abderrahmane Mebtoul, expert international en management stratégique, a été publiée le 28 avril 2011 par l'Institut français des relations internationales (IFRI), un centre de recherche sur les grandes questions internationales européennes et mondiales animé par des personnalités politiques et scientifiques de renom qui se retrouve dans le classement du top 10 mondial des think tanks. Au moment où le monde arabe, dont le Maghreb, connaît un bouleversement géostratégique, cette contribution internationale est d'une brûlante actualité intéressant à plus d'un titre, l'avenir de l'Algérie interpellant tant les décideurs que les chercheurs. Dès l'introduction, l'auteur situe la problématique. Je le cite : «L'Europe, surtout celle du Sud, et le Maghreb rêvent d'intégration, de modernité, de développement, l'histoire commune nous imposant d'entreprendre ensemble. Cela implique que les pays de l'Europe et ceux du Maghreb aient une vision commune de leur devenir devant se tourner surtout vers l'Afrique, leurs espaces social et économique naturel, afin de constituer des pôles de compétitivité fiables face à la concurrence acerbe des Etats-Unis d'Amérique, de la Chine et d'autres pays émergents. Cette étude pose la problématique de l'urgence d'une nouvelle politique économique dans les relations entre l'Europe et le Maghreb au sein d'une économie mondialisée, devant éviter la vision périmée du passé, de privilégier uniquement les relations d'Etat à Etat sans prendre en compte les dimensions réelles des sociétés.» (p. 7). Dès lors, la démonstration du professeur, qui était notre maître à l'Université d'Oran depuis 1974, s'articule autour de quatre chapitres. II) Le premier chapitre consacré à l'Europe et au Maghreb face aux mutations mondiales où sont abordés les enjeux des nouvelles mutations mondiales, surtout après la crise d'octobre 2008 qui annonce de profondes reconfigurations géopolitiques et géo-économiques avec les pays émergents, dont les piliers du développement du XXIe siècle seront fondés sur la bonne gouvernance et la valorisation de la connaissance, le poids démographique mondial de l'Europe et du Maghreb et l'indice de développement humain des deux rives de la Méditerranée. Le chapitre II fait un état des lieux dont la situation socio-économique du Maghreb et de l'Europe et l'environnement des affaires maghrébin et pourquoi le Maghreb, sur le plan économique, est de plus en plus marginalisé en évaluant le bilan de l'Union du Maghreb arabe et le coût du non-Maghreb que j'avais abordé dans ma thèse de magister (2). Le chapitre III insiste particulièrement sur la coopération entre l'Union européenne et le Maghreb et se pose une question en trois sections : quelles relations économiques entre l'Europe et le Maghreb pour un codéveloppement surtout en matière de formation afin d'éviter cette immigration massive, notamment des cerveaux qui vident la substance des pays du Maghreb et de l'Afrique, l'enjeu énergétique mondial au centre de la sécurité européenne et maghrébine abordant l'approvisionnement de l'Europe par l'Algérie et la Lybie et la faisabilité du projet solaire Désertec et, enfin, avec les tensions au niveau du Sahel et d'une manière générale au Moyen-Orient et en Afrique, quelle coopération en matière de sécurité Europe-Maghreb avec l'influence de l'OTAN et donc des Etats-Unis d'Amérique et de la présence de plus en plus active de la Chine dans cette région stratégique. Le chapitre IV, à la lumière des évènements de 2011 dans le monde arabe, pose l'urgence d'une révision des relations politiques et économiques internationales entre l'Europe et le Maghreb par la prise en compte des aspirations des sociétés à plus de justice et de libertés. Ainsi sont abordés, en trois sections, l'urgence de moraliser les relations internationales, de lutter contre la corruption car, s'il existe des gouvernants corrompus, il existe forcément des corrupteurs et l'intégration des anthropologies européenne et maghrébine par le dialogue des cultures par la nécessaire symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident. III) D'une manière générale, l'auteur insiste sur l'urgence de nouveaux mécanismes de régulation à l'échelle mondiale. Je le cite : «L'émergence d'une économie et d'une société mondialisées et la fin de la guerre froide depuis la désintégration de l'empire soviétique remettent en cause, d'une part, la capacité des Etats-nations à faire face à ces bouleversements et, d'autre part, les institutions internationales héritées de l'après-guerre. Les gouvernements, à travers les Etats-nations, sont désormais dans l'impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification des sociétés modernes, de l'apparition de sous-systèmes fragmentés, de l'incertitude liée à l'avenir et de la crise de la représentation politique, d'où l'exigence de s'intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations planétaires… En l'absence d'institutions internationales réformées tenant compte des nouvelles mutations mondiales, notamment des pays émergents, capables de prendre le relais de la souveraineté étatique défaillante, le risque est que le seul régulateur social demeure les forces du marché, à l'origine d'ailleurs la crise mondiale actuelle.» En conclusion, le professeur, dans cette contribution à l'FRI, insiste sur l'intégration maghrébine, les gouvernants maghrébins devant dépasser leur vision étroite suicidaire. Ainsi, lit-on dans cette importante étude, «sans une autre vision des relations internationales, la situation politique au Maghreb risque d'être marquée par une instabilité importante durant les années à venir. Le projet unitaire d'intégration économique au Maghreb semble le seul moyen de gérer les conflits intérieurs et de proposer une force devant l'Union européenne élargie. La stratégie de l'intégration maghrébine représente une opportunité fondamentale pour les pays de la région pour renforcer leur positionnement sur la scène euro-méditerranéenne et la démocratisation des pays du Maghreb me semble être une voie salutaire pour concrétiser cette intégration.» (p. 48). Aussi, selon le professeur Abderrahmane Mebtoul, le destin de l'Europe et du Maghreb est d'entreprendre ensemble, loin de toute vision mercantile et de domination, afin faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité partagée en incluant le volet démocratique. Sadek Chennouf (1) Professeur Abderrahmane Mebtoul : «Le Maghreb dans son environnement régional et international : la coopération Europe-Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales», IFRI Paris, France 28 avril 2011, 60 pages (2) Chennouf Sadek [2003], «Fondements et expériences de l'intégration économique : cas de l'Union du Maghreb arabe (UMA) », 2 vol. (317 pages), mémoire de magister en sciences économiques, faculté des sciences économiques, des sciences de gestion et des sciences commerciales de l'Université d'Oran