Deux ans après son discours prononcé à l'adresse du Monde musulman, à partir de la capitale égyptienne, en juin 2009, le président américain s'adressera demain, vendredi, à ce même auditoire. Si le premier discours, tenu par le président américain à partir du Caire, a été attendu avec enthousiasme par l'opinion internationale et particulièrement par le monde musulman à qui Obama s'est adressé sous l'effet de l'effervescence qui a accompagné son élection à la tête de la Maison- Blanche succédant à George Busch, le discours d'Obama est cette fois-ci attendu par l'opinion internationale et le Monde musulman au vu des évènements survenus depuis juin 2009 et particulièrement ceux survenus sur la scène arabe depuis janvier 2011. Ce qui devrait constituer le fil majeur par lequel Obama exposera l'approche politique américaine à promouvoir en direction du Monde musulman voire arabe, entamé depuis son discours au Caire et peaufiné depuis, selon les nouvelles donnes survenues sur la scène arabe. Déclarant à partir du Caire en juin 2009 que «les changements énormes provoqués par la modernisation et la mondialisation ont conduit de nombreux musulmans à considérer l'Occident comme hostile aux traditions de l'islam», Obama compte entretenir l'amalgame, souligné dans ses propos entre les repères identitaires d'ordre religieux en opposition à la mondialisation. Celle-ci promue au rythme des intérêts de pays riches, principalement Washington a eu des effets néfastes sur les régions les moins développées voire sous-développées de par le monde sans distinction de leur religion. Pour Obama «l'expérience récente nous a appris que lorsqu'un système financier s'affaiblit dans un pays, la prospérité est affectée partout» déclarait-il en juin 2009, faisant fi des conséquences de la crise économico-financière selon le seuil de prospérité atteint dans certains pays et pas dans d'autres. Mais comme l'espace arabe et en général le Monde musulman est au cœur dans l'élaboration des stratégies des pays riches, dont les Etats-Unis, à l'argumentaire d' Obama précisant au Caire que «de nombreux musulmans considérant l'Occident comme hostile aux traditions de l'islam» l'argumentaire du respect des droits de l'homme fait son chemin Ce qui sera certainement développé longuement dans le discours d'Obama prévu ce vendredi, au vu des évènements survenus sur la scène arabe et dont Washington se donne le rôle d'être le gardien mondial des valeurs de liberté et des droits de l'homme. A ce propos, Obama a indiqué dans son discours au Caire : «A Ankara, j'ai dit clairement que l'Amérique n'est pas et ne sera jamais en guerre contre l'Islam» et de préciser par la suite que «nous rejetons ce que les hommes de toutes les fois rejettent : le meurtre d'innocents, hommes, femmes et enfants. Et mon premier devoir de président est de protéger le peuple américain». Par ailleurs, si dans sa lutte contre El Qaïda après le 11 septembre, Obama a déclaré à partir du Caire que «nous n'y sommes pas allés par choix mais par nécessité» en référence à l'Afghanistan, la mort annoncée par le président américain de Ben Laden est à même de permettre à Washington de peaufiner sa nouvelle stratégie en direction du Monde arabe en incluant fortement la question de la démocratie et des droits de l'homme. Ce qui a été d'ailleurs porté dans son discours au Caire et qui devrait sans doute encore être évoqué plus explicitement dans son discours. A l'inverse de la présence militaire en Afghanistan qui pour Obama était «une nécessité», «l'Irak a été une guerre par choix». Après avoir qualifié le régime de Saddam Hussein de «tyrannique», Obama a déclaré : «Je pense aussi que les événements en Irak ont rappelé à l'Amérique la nécessité de la démocratie et du consensus international pour résoudre nos problèmes, chaque fois que cela est possible». Ce qui renseigne sur les contours du discours que devrait prononcer le président américain ce vendredi, à l'adresse du Monde musulman. Ceci d'autant plus qu'il avait évoqué dans son allocution au Caire les paroles de Thomas Jefferson en déclarant : «Souvenons-nous des paroles de Thomas Jefferson qui a dit : J'espère que notre sagesse grandira comme notre puissance et nous apprendra que moins nous utilisons notre force, plus grande elle sera.» Le discours d'Obama intervient après une semaine de la démission de George Mitchell qui était en charge du dossier du processus de paix qui, lui, est en panne. Et à propos duquel Obama avait souligné au Caire que «les liens solides entre l'Amérique et Israël sont bien connus» et que « cette relation est indestructible, elle est fondée sur des liens culturels et historiques», rappelle le locataire de la Maison-Blanche. Ce qui renseigne on ne peut mieux sur l'absence de volonté politique de Washington quant à un règlement juste et durable du conflit israëlo-palestinien et par conséquent israëlo-arabe. Ceci d'autant plus que le président Obama entamera sa future campagne pour briguer son deuxième mandat à la tête de la présidence américaine qui ne peut faire fi du poids du lobbie israélien aux Etats-Unis. Karima Bennour