Fermeté, compréhension, récupération, discrétion... Les réactions face aux manifestations du Movimiento 15-M ont été variées, alors que se tiennent des élections locales dimanche. Que fait-on quand on est un élu et que la rue manifeste contre la classe politique en général? D'abord, on est un peu décontenancé. On n'a pas l'habitude, d'autant qu'en Espagne, depuis le début de la crise, la rue semblait quelque peu résignée. D'ailleurs, la grève générale organisée par les syndicats le 29 septembre 2010 n'avait connu qu'un succès relatif… Si bien que personne ne s'est vraiment aperçu du feu qui couvait. le Movimiento 15-M, qui a réuni des milliers de manifestants dans les grandes villes d'Espagne le 15 mai dernier et qui s'est transformé, depuis, en session prolongée de camping géant sur la Puerta del Sol de Madrid et les places d'autres grandes villes espagnoles, était donc d'autant plus inattendu. Parmi les revendications des protestataires, figurent, entre autres, un changement de la loi électorale qui, de fait, permet la domination de la scène politique par les deux principaux partis, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir, et le Parti populaire (PP), de droite. Les «Indignés» se trouvent mal représentés par deux formations politiques qui pour eux, sont bonnet blanc et blanc bonnet. On peut tenter d'y mettre un terme. Ainsi, les premiers campeurs de la Puerta del Sol ont été délogés par les forces de police en début de semaine. Pas de chance, ils sont revenus le lendemain, plus nombreux encore. Et quand la manifestation a été interdite par les autorités madrilènes mercredi, le mouvement s'est encore amplifié. Eternelles querelles politiciennes Alors, les élections municipales et régionales approchant à grands pas (elles sont prévues le 22 mai), on essaye d'en tirer parti ! D'autant que la contestation a tendance à éclipser une campagne se résumant essentiellement aux éternelles querelles politiciennes entre les deux grands partis. Esperanza Aguirre, présidente conservatrice (PP) de la Communauté de Madrid, appelait le 20 mai à ce que «dimanche (jour des élections) [soit] le jour de l'authentique rébellion, le jour où triomphe la démocratie». Et d'espérer tout haut que le verdict des urnes sera tel que José Luis Rodríguez Zapatero sera obligé de convoquer des élections législatives anticipées. Quant au parti de gauche Izquierda Unida (IU), il a déposé un recours (finalement rejeté) contre la décision du comité électoral central d'interdire les manifestations samedi et dimanche. On ne doute pas de l'indignation réelle que cette décision de justice a provoquée dans ce parti. C'est toutefois aussi une petite piqûre de rappel pour ceux qui doutaient encore de son soutien au mouvement. Autre option : on se fait tout petit. On suit l'exemple de José Luis Rodriguez Zapatero, le chef du gouvernement, qui est resté curieusement silencieux pendant quatre jours. Jeudi 19 mai, il a fini par déclarer à Telecinco : «Il faut écouter, il faut être sensibles, car il y a des raisons pour que s'expriment ce mécontentement et cette critique». Il a toutefois défendu vendredi son parti comme celui qui a «le plus lutté pour la démocratie et la liberté». Enfin, on peut tirer des enseignements du mouvement de contestation. Là encore, Zapatero est un bon exemple : «Les revendications et les mobilisations ne nous font pas peur, elles nous engagent à donner les réponses sociales dont les gens ont besoin pour leur avenir», a-t-il déclaré vendredi. Réceptif. G. L.