L'Allemagne, quatrième économie du monde et moteur industriel d'Europe, a décidé de renoncer à l'énergie nucléaire et de passer intégralement aux sources non atomiques d'énergie, allant du charbon, du pétrole et du gaz aux sources renouvelables. A l'aube du 30 mai 2011, après avoir discuté pendant toute la nuit, la coalition allemande au pouvoir a convenu d'arrêter toutes les 17 centrales nucléaires allemandes d'ici à 2022. Des dizaines de milliers d'Allemands avaient manifesté contre l'énergie nucléaire et les risques qui lui sont inhérents. L'Allemagne, qui se prévalait de 23 à 25% d'énergie nucléaire dans son mix énergétique, a déconnecté de son réseau énergétique huit réacteurs ancien modèle immédiatement après l'accident de la centrale nucléaire Fukushima au Japon. Parmi les réacteurs restants, six seront en exploitation jusqu'en 2021 et les trois réacteurs dernier modèle seront retirés du service en 2022. Les Allemands, avec leur esprit pratique, ont tout de même décidé de garder un réacteur ancien modèle prêt à être relancé avant 2013 dans l'éventualité d'une pénurie d'énergie l'hiver prochain. L'Allemagne est loin d'être le premier pays européen à décider de changer l'orientation de sa politique énergétique. Dans ce contexte, il faut préciser que les Japonais, qui sont à l'origine des dernières vicissitudes du secteur nucléaire, n'ont pas l'intention d'abandonner l'énergie atomique. Ils ont seulement relégué aux oubliettes le projet de construction de 14 nouvelles centrales nucléaires, ce qui aurait porté la quote-part de l'énergie atomique à 50% dans le mix énergétique japonais d'ici à 20 ans. Le secteur japonais de l'énergie nucléaire (54 réacteurs) sera modernisé et un accent spécial sera mis sur le renforcement de la sûreté des installations, et le secteur continuera, comme par le passé, de satisfaire 30% des besoins nationaux en énergie. Il a été seulement décidé de fermer provisoirement, tant qu'une muraille anti-tsunami de 12 m de haut n'aura pas été édifiée, la centrale nucléaire de Hamaoka située à 180 km à l'ouest de Tokyo. A proximité de la centrale se trouvent les plus grandes usines de la société Toyota, et son arrêt définitif aurait coûté trop cher au Japon et à l'économie mondiale. Une semaine avant la prise de la décision par le gouvernement allemand, le nucléaire pacifique a perdu son attrait aux yeux des Suisses, des Italiens, des Thaïlandais et des Malaysiens. La Suisse a renoncé à édifier trois nouvelles centrales nucléaires, et les cinq centrales existantes seront progressivement retirées du service de manière à ce que leur arrêt définitif ne survienne qu'en 2034. Les Italiens n'ont jamais disposé de leurs propres centrales nucléaires mais prévoyaient d'en construire dix d'un seul coup. On ignore le nombre de pays qui décideront de rejoindre l'Allemagne. Mais on sait déjà que les leaders du marché européen de l'énergie nucléaire, ainsi que les plus grandes économies de l'UE ne la suivront pas. La France, première puissance européenne en termes de développement de l'énergie nucléaire (75,2%), ainsi que la Grande-Bretagne (18%) n'ont pas l'intention de démanteler leur secteur nucléaire.