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Nucléaire : ce qui fait courir Sarkozy (1re partie )
Publié dans El Watan le 10 - 08 - 2008

Dans la foulée du lancement de la construction, en novembre 2007, de son 1er réacteur de type à eau pressurisée EPR (European Pressurized Reactor) dit de 3e génération, la France vient de décider, en juillet 2008, du principe de lancer son 2e EPR dont la mise en chantier commencerait en 2011, alors que ce pays possède de grosses surcapacités de production et est le 1er exportateur mondial d'électricité.
Par ailleurs, le nouveau président français qui ne peut être soupçonné d'une quelconque amitié particulière envers les pays du Maghreb et du Moyen-Orient leur propose sans aucune retenue de leur vendre la nouvelle technologie nucléaire française de production d'électricité, alors que dans le dossier nucléaire iranien, ce même Président et son ministre des Affaires étrangères veulent jouer les va-t-en guerre en voulant imposer des sanctions européennes extra-onusiennes. La raison de ces paradoxes se justifie pour une bonne part par la situation actuelle de l'énergie nucléaire à travers le monde, résumée dans les lignes qui suivent.
Etat des lieux
La 1re centrale nucléaire expérimentale dans le monde a été construite dès 1954 par les Soviétiques et la 1re centrale nucléaire industrielle deux années plus tard par les Etats-Unis. Néanmoins, le développement de l'énergie nucléaire n'a commencé réellement que près de deux décennies plus tard, après le 1er choc pétrolier de 1973. Le paysage industriel était alors dominé par les Américains et les Soviétiques auprès desquels les Européens et les Japonais avaient acquis des licences.
À partir des années 80, les Européens se sont libérés des licences américaines, alors que les années 90 et actuelles sont caractérisées par une grande disette, puisque le seul marché actif était asiatique. Néanmoins, avec le nouveau millénaire, a commencé la restructuration du secteur industriel nucléaire avec des alliances et des regroupements tous azimuts : le français Areva (anciennement Framatome) et l'allemand Siemens ont fusionné leurs activités dans le domaine des réacteurs nucléaires ; l'américain Westinghouse a été acquis par ABB, puis par British Energy, avant d'être cédé au japonais Toshiba ; la présence en force des Japonais, où Hitachi travaille encore sous licence de l'américain GE (General Electric), mais Mitsubishi s'est rapproché d'Areva, alors que Toshiba a acquis Westinghouse mais, paradoxalement, continue son partenariat privilégié avec… GE ; le canadien AECL, dont la technologie à eau lourde a été exportée sur les trois continents (Chine, Roumanie, Argentine…), est à l'affût de nouvelles opportunités d'affaires que pourrait lui permettre son nouveau modèle de 3e génération Candu ACR-1000 ; les groupes russes connaissent un regain d'activité suite à leur réorganisation et un certain succès dans l'exportation vers l'Asie (Chine, Inde, Iran) ; on ne peut omettre le début d'émergence de Coréens, Chinois et Indiens, ces derniers ont été capables de faire fi de l'embargo canado-américain et mener à terme en solo la construction de 14 réacteurs à eau lourde de technologie canadienne Candu et 2 réacteurs à eau pressurisée de technologie américaine.
Bilan énergétique
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)(1), en 2007 et à travers le monde, il y avait 435 réacteurs en fonctionnement et 29 en construction, répartis sur 31 pays. Toutes filières confondues, la puissance nucléaire installée s'élève à près de 370 GW et celle en construction 23,6 GW. L'énergie nucléaire représente 15% de la production mondiale d'électricité, soit un petit peu moins que l'hydroélectricité. Ce taux de 15% correspond à la part globale de l'énergie nucléaire dans la production totale d'électricité, mais recouvre des situations très variables : ainsi, le nucléaire assure(1) : 19% de la production d'électricité aux Etats-Unis, 14% au Canada ; 78,5% de la production d'électricité en France, 31% en Allemagne, 20% au Royaume-Uni et 16 % en Russie ; 29 % de la production d'électricité au Japon, 45% en Corée, 2% en Chine et 3% en Inde.
Le succès du développement de la filière nucléaire peut être illustré par l'exemple de la France qui, avant 1973, avait un taux d'indépendance énergétique de 22,5% avec le pétrole qui occupait alors 70% dans le bilan énergétique. A partir des années 90, le pétrole n'occupe plus que 40% dans le bilan énergétique et l'indépendance énergétique est maintenant stabilisée depuis plus d'une décennie autour de 50%. Récemment, à l'occasion du conflit sur le prix du gaz entre la Russie et l'Ukraine puis la Géorgie, on a pu mesurer toute l'étendue de ce que peut être une trop grande dépendance énergétique. D'ailleurs, cette crise du gaz a relancé le débat sur la place de l'énergie nucléaire dans certains pays (Italie, Allemagne, Finlande...). Ce fut aussi une aubaine idoine pour les lobbies de l'atome afin de relancer leur filière.
Tchernobyl et environnement
Les accidents de Three Mile Island (1979, Etats-Unis) et, surtout, celui de Tchernobyl (1986, Ukraine) ont sérieusement compromis le futur essor du nucléaire en donnant un coup d'arrêt brutal à son développement. C'est ainsi qu'aucune nouvelle centrale nucléaire n'a été construite aux Etats-Unis depuis près de trois décennies et, exceptés les actuels projets français et finlandais, aucune en Europe occidentale et au Canada depuis plus de 15 ans. D'ailleurs, la part relative du nucléaire dans la puissance électrique totale installée a de ce fait baissé. A l'avenir et à défaut de substantiels nouveaux projets, cette part baissera beaucoup plus sensiblement du fait de la fermeture programmée de centrales atteintes par la limite d'âge. Or, même si l'intérêt stratégique de l'énergie nucléaire ne peut difficilement être nié, il y a une remise en cause qui porte surtout sur son impact environnemental.
Qu'ils soient accidentels ou qu'ils résultent du cycle d'exploitation normal, les rejets radioactifs constituent le principal risque du nucléaire. Ce risque est la cause de l'absence de consensus social et politique sur l'énergie nucléaire dans les pays développés. Aussi, aujourd'hui, la prolifération nucléaire constitue une des menaces les plus importantes au niveau international, surtout que le procédé le plus facile de se procurer la matière nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique est l'enrichissement de l'uranium par centrifugation. On ne peut aussi oublier de rappeler que les centrales nucléaires nécessitent des investissements faramineux et requièrent des aides publiques difficiles à justifier, pendant que cet argent fait cruellement défaut aux programmes de promotion d'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. A l'opposé, les défenseurs du nucléaire soutiennent que la catastrophe de Tchernobyl est davantage un « accident soviétique » et que cette filière ne recèle aucune propriété fondamentale qui serait de nature à l'exclure des stratégies énergétiques durables et, de ce fait, il faut conserver les moyens d'y recourir et de la développer à moyen et à long terme. Il faut reconnaître que la production d'électricité à partir de l'uranium ne rejette dans l'atmosphère aucun des habituels gaz de combustion qui contribuent à des problèmes environnementaux comme l'effet de serre, les pluies acides et le « smog » urbain. Mais, il convient de spécifier que le Protocole de Kyoto ne reconnaît pas le nucléaire comme une énergie propre et renouvelable, puisqu'il contient des dispositions qui aboutissent en fait à exclure cette filière des solutions envisageables pour la mise en œuvre d'un certain nombre de mécanismes de flexibilité (projets conjoints et mécanisme pour un développement propre) auxquels les parties peuvent recourir pour remplir leurs engagements vis-à-vis de ce Protocole.
Centrales de 3e et 4e générations
Les perspectives du nucléaire peuvent être consolidées par le consortium franco-allemand Areva-Siemens qui a permis le développement des réacteurs dits de 3e génération de type EPR. Typiquement, l'EPR a une puissance électrique de 1 600 MW, une durée de vie de 60 ans, une diminution relative de 15% du combustible requis (uranium) et une redondance des systèmes de sûreté. Le 1er EPR est en cours de construction en Finlande et sa mise en service est prévue pour 2009, alors que la France a lancé la construction de son EPR tête de série à Flamanville (Manche) fin 2007 pour une livraison prévue en 2012. Cela dit, le succès commercial est loin d'être garanti, surtout que le prometteur marché asiatique n'a pas concrétisé ses intentions d'achat. Aussi, la concurrence est plus vive avec l'homologation du modèle avancé AP-1000 de Westinghouse par la Commission de réglementation nucléaire NRC des Etats-Unis. De plus, la Russie et le Canada ne sont pas en reste, puisqu'ils ont développé de nouveaux modèles de 3e génération qui ont aussi la particularité de bénéficier d'une amélioration de la sécurité. Pour ce qui est de la rentabilité économique, de sérieux doutes planent sur les chiffres idylliques produits par les lobbies nucléaires qui parlent de coûts d'investissement de l'ordre de 1 500 à 2 000 euros/kW et des coûts d'électricité de 35 à 45 euros/MWh, auxquels il faut ajouter les coûts de transport et de distribution. La compagnie américaine de service Moody's évalue les coûts d'investissement à un minimum de 5 000 à 6 000 $/kW. Même avec un euro surévalué par rapport au dollar (1euro = 1,6 $), on est loin du compte biaisé des défenseurs de l'atome.
Aussi, il convient de mentionner que ces réacteurs de nouvelle génération ne font pas l'unanimité, puisque les détracteurs du nucléaire leur reprochent de ne pas amener d'avancée scientifique majeure et encore moins de rupture technologique. Aussi, 3 ans après son lancement, le 1er prototype en construction en Finlande est l'objet d'une multitude de déboires qui retarderont probablement sa mise en service de deux ans, engendrant par là même des surcoûts considérables, évalués à plus de 1,5 milliard. Aujourd'hui encore, on ne sait pas qui va payer ces surcoûts, même si on peut gager que ce ne serait pas le contribuable finlandais, mais plutôt Bavarian Landesbank et la Coface qui ont intégralement financé et garanti ce projet, dont on ne veut surtout pas ébruiter les problèmes. Mais, qu'à cela ne tienne, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs et histoire d'anticiper et de plomber les choix énergétiques à venir et de se positionner stratégiquement, la France vient de décider du principe de la construction de son 2e EPR. Certains parlent déjà de plan concret de recherche à mener en vue de déployer les réacteurs de... 4e génération à l'horizon 2040-2050, avant même que l'EPR de 3e génération ne fasse ses preuves. Il n'est pas inutile de rappeler que tout laisse croire que ces réacteurs de 4e génération seront de puissances unitaires plus petites, plus flexibles et de types surgénérateurs à neutrons rapides où le fluide caloriporteur est le sodium. Malgré l'indéniable avantage de pouvoir produire jusqu'à 100 fois plus d'électricité avec la même quantité d'uranium, cette technologie n'est pas au point et ses déboires passés peuvent être illustrés par Superphenix, l'ancêtre et controversée centrale prototype qui a été « politiquement » soutenue contre vents et marées, mais qui a dû fermer en 1997, suite aux multiples problèmes qu'elles a connus.
Le rappel de ce douloureux passé n'a pas pour objectif de dénigrer cette technologie, mais de ne pas faire preuve d'amnésie nucléaire en illustrant les grands défis qui restent posés, surtout que l'on ne sait pas jusqu'à quel point les leçons de la fuite en avant ont été retenues. Par ailleurs et pour des raisons stratégiques d'approvisionnement énergétique à long terme, plusieurs pays ont relancé le débat sur le futur de l'énergie nucléaire. USA : Ainsi, aux Etats-Unis, les orientations de politique énergétique présentées par l'actuelle administration républicaine se traduisent dans le verbe par une politique de relance volontariste du nucléaire. On considère désormais le nucléaire comme une « composante majeure de la politique énergétique nationale »(2), car on veut réduire la dépendance du pays à l'égard du pétrole et des sources d'énergie étrangères et de ce fait on n'exclut guère la mise en chantier de nouvelles centrales avant la fin de cette décennie. Aussi, le lancement de la procédure de recherche de sites (Yucca Mountain) pour la construction de nouvelles centrales, l'octroi de licences et le soutien aux technologies avancées des réacteurs sont les signes avant-coureurs que les Américains évaluent les concepts de réacteurs susceptibles d'être déployés. Dans les faits, l'industrie s'attend à plus de subventions et de déductions d'impôt qui tardent à venir, ce qui fait que certains considèrent qu'à l'horizon 2015 les Usa ne construiraient pas plus de deux centrales, alors qu'entretemps plus d'une dizaine seraient fermées à cause de leur vieillissement. (A suivre)
Notes de renvoi :
1) IAEA : Nuclear technology review 2007, http://www.iaea.org/Publications/Reports/
2) EAIA : Energy information administration, department of energy,www.eia.doe.gov.
L'auteur est expert en énergie, professeur associé à l'Ecole polytechnique de Montréal. Auteur de Dilemmes énergétiques, publié avec G. Olivier aux Presses de l'Université du Québec PUQ en avril 2008


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