Les bureaux de vote ont ouvert, hier, au Portugal pour des élections législatives censées mettre fin à l'incertitude politique en pleine période d'austérité et de récession. Le scrutin devrait fermer le chapitre d'instabilité ouvert par l'effondrement du gouvernement socialiste minoritaire de José Socrates en mars dernier, qui a conduit Lisbonne à solliciter un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros auprès de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Les instituts de sondage laissent entendre que les électeurs sanctionneront le Parti socialiste et se tourneront vers l'opposition de centre droite représentée par le Parti social-démocrate (PSD) de Pedro Passos Coelho. Les bureaux de vote ont ouvert à 8h (7h GMT), sous un chaud soleil printanier mais dans le centre de la capitale, l'affluence n'était pas au rendez-vous. Les derniers sondages créditent le PSD de 37% des intentions de vote contre 31% aux socialistes. Ce score ne suffira pas aux sociaux-démocrates pour gouverner seuls, mais ils pourraient s'allier avec leur allié historique, le petit parti de droite CDS, pour former une majorité à l'Assemblée de la République. «C'est l'option la plus claire», juge Antonio Barroso, analyste au cabinet de géopolitique Eurasia. «Les deux partis sont clairement engagés en faveur de la mise en œuvre des conditions du plan de sauvetage et devraient facilement s'entendre sur un programme économique commun». Le CDS est crédité d'environ 12% des intentions de vote. Un scrutin «particulièrement décisif» Le président portugais Anibal Cavaco Silva s'est adressé, samedi soir, à la nation pour exhorter des électeurs sans illusion à se rendre aux urnes, qualifiant de scrutin de «particulièrement décisif» car le Portugal, a-t-il dit, est «submergé par une profonde crise économique et sociale». «Le gouvernement qui sera issu de cette élection portera la responsabilité d'honorer les engagements pris (pour le plan de sauvetage), qui sont très exigeants», a-t-il souligné. Au-delà de l'application de ce régime d'austérité drastique, le gouvernement devra également garantir la justice sociale et lutter contre le chômage, a ajouté Anibal Cavaco Silva. Le plan de sauvetage est assorti de conditions sévères - hausse des impôts, fortes réductions des dépenses publiques -, et l'économie portugaise devrait en conséquence se contracter cette année et en 2012, réduisant d'autant les recettes prévisibles du prochain gouvernement. Malgré un taux de chômage à 12,4%, le pays n'a pas connu de mouvements sociaux comme en Grèce ou en Espagne mais les Portugais pourraient descendre dans les rues si la récession se prolongeait et s'aggravait. Le mécontentement pourrait également être alimenté par une vague attendue de privatisations.