A la veille du 6e Festival national des Aïssaoua qui sera abrité par la Maison de la culture de Mila du 14 au 20 juin prochain, La Nouvelle République a saisi cette opportunité pour se rapprocher de M. Mohamed Zetili, directeur de la culture à Mila. Lisons-le. La Nouvelle République : Monsieur Zetili, vous qui avez été journaliste avant d'être nommé dans le secteur de la culture, comment appréhendez-vous cette édition du Festival national des Aïssaoua, après votre récente nomination à Mila ? Mohamed Zetili : Je tiens d'abord à remercier mes prédécesseurs, qui ont dirigé les 5 éditions précédentes, pour m'avoir facilité la tâche par la mise en place d'un système assez huilé pour la réussite de cette manifestation ; toutefois, je tiens à préciser que je ne suis pas de ceux qui effacent tout et qui recommencent. J'œuvrerai donc pour la continuité du travail qui a été fait. Dans ce contexte, parlez-nous un peu de l'organisation que vous avez mise en place pour réussir votre premier pari à Mila ? D'abord, nous avons mis l'accent sur l'aspect communicatif. A cet effet, nous avons créé un centre de presse avec une équipe constituée de journalistes, ce qui facilitera le flux informatif. Il y aura également l'affichage, la diffusion de spots télévisuels, un écran géant dans la cour de la Maison de la culture pour permettre à ceux qui veulent suivre les spectacles hors salle. Pour ce qui est de la répartition des festivités, cette année, nous avons élargi les spectacles à certaines daïras. Je citerai en exemple Ferdjioua, Oued Endja, Grarem et Tadjenant. Ces Daïra auront deux spectacles chacune, sur les trente deux programmés. Lors des précédentes éditions, on a tenté cette expérience, mais on s'est vite rétracté sur le chef-lieu de wilaya. En re-décentralisant ces spectacle, quel est votre objectif ? En organisant ce type de festival, notre objectif est d'abord, de privilégier une animation de proximité ; ensuite de démontrer que la tradition aïssaouie n'est pas cette Tariqa (voie) charlatanesque que certains veulent lui apprêter. N'oublions pas que lors des précédentes éditions, des conférences ont été animées par des docteurs en soufisme ; beaucoup de thèmes scientifiques ont été abordés et ces occasions ont permis à beaucoup de personnes de remettre en cause leurs préjugés et leurs idées préconçus. Nous persévérons dans cette voie pour montrer, à notre tour, que c'est une voie spirituelle qui se base sur la pratique théologique et la méditation. Puisqu'on arrive justement à ce sujet, quel sera le slogan de cette 6e édition ? Placé sous le haut patronage de notre ministre de la Culture et de celui du wali de Mila, cette édition sera lancée sous le slogan : «La Tariqa aïssaouie comme expression esthétique du soufisme». Elle comportera des spectacles en plus de cinq conférences animées par des docteurs en soufisme. A cet effet, nous avons invité 24 troupes de qualité. C'est-à-dire ancrées dans ce domaine spirituel et nous avons également eu la confirmation d'une troupe tunisienne. Cela voudrait-il dire que vous envisager de hausser ce festival à un niveau maghrébin ? Pour le moment, on ne peut pas parler de niveau maghrébin, vu que la wilaya de Mila manque encore d'infrastructures hôtelières à même d'abriter une manifestation de cette envergure. Dans ce cadre, je soulignerai également que l'on ne peut pas parler de développement culturel isolément par rapport au développement local. Le développement culturel corrèle indiscutablement avec le développement local. Notre wilaya se développe dans le cadre des différents programmes du président de la République et la culture suit, bien évidemment. Puisque on parle de développement culturel, quel serait votre objectif pour impulser une nouvelle dynamique dans votre secteur ? Outre le développement infrastructurel, je crois qu'il faut multiplier les manifestations culturelles ? Cela permettra de créer une symbiose sociale. Les jeunes pourront y adhérer, et par la même occasion s'éloigner des différents fléaux. Autrement dit, plus nous disposerons de moyens plus nous chercherons à promouvoir d'autres festivités. Actuellement, nous avons le festival des Aïssaoua, celui des cultures populaires et prochainement nous aurons un troisième festival consacré au livre et qui sera intitulé : «La lecture en fête». Pouvez-vous nous détailler davantage la consistance de ce festival ? «La lecture en fête» est un festival qui permettra la promotion de la lecture. C'est-à-dire qu'il vise à créer cette culture livresque chez les citoyens, toutes catégories confondues. Pour cela, il n'y aura pas que des expositions. On invitera également des personnes du domaine : écrivains, maisons d'éditions et d'autres institutions professionnelles. Un dernier mot ? Je tiens à réaffirmer que la culture ne saurait se développer sans la contribution de tous. C'est-à-dire, l'école, la famille, les institutions, etc. A cette occasion, je tiens à remercier notre ministre pour l'aide budgétaire qu'elle nous octroyée cette année, ainsi que le wali de Mila qui veille personnellement au bon déroulement des préparatifs de cette édition et qui n'a ménagé aucun effort pour nous aider. Je remercie également l'équipe de La Nouvelle République pour son professionnalisme.