Des milliers de personnes ont manifesté, hier à Damas, pour soutenir le président Bachar Al-Assad, dont le pays est confronté depuis la mi-mars à un mouvement de contestation populaire marqué de violence et l'exode de Syriens vers la Turquie. Le rassemblement organisé, hier, à Mazzeh, à l'ouest de Damas, se veut, selon les organisateurs, une initiative visant «à affirmer l'unité nationale et rejeter les tentatives d'ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays», et qui intervient au lendemain de déclarations de responsables occidentaux faisant état du recours au Conseil de sécurité. Si la crise libyenne a été traitée au Conseil de sécurité suite à la demande de la Ligue arabe, aboutissant à l'adoption de la résolution 1973 et l'intervention de l'Otan, la procédure relative à la Syrie s'annonce différente. Le recours au Conseil des droits de l'homme de l'ONU par le dépôt par l'opposition syrienne en exil d'un dossier portant sur «les atteintes aux droits de l'homme par le régime de Bachar ElAssad» semble être la voie empruntée pour faire aboutir le traitement de la crise syrienne par le Conseil de sécurité. C'est l'objectif visé par la diplomatie occidentale en soutien aux déclarations de ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne et de la secrétaire d'Etat américain, Hillary Clinton, pour une adoption à l'unanimité de résolution ou déclaration sur la Syrie. A ce propos, la France tente depuis plusieurs semaines avec d'autres pays européens d'obtenir une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie, mais ses efforts se heurtent jusqu'à présent à une menace de veto de la Russie et de la Chine. Le chef de diplomatie française, en soutenant que la crise syrienne «crée une menace pour la stabilité régionale» voile la source d'instabilité avérée : le conflit israélo-palestinien. Par ailleurs, la Turquie, qui a eu à abriter une conférence de l'opposition syrienne dernièrement, et après la victoire du parti d'Erdogan aux élections législatives, a haussé le ton à l'adresse de Damas. Ce qui renseigne sur la détermination d'Ankara à jouer un rôle majeur dans la crise syrienne, sur fond de ses intérêts géopolitiques. Ce qui devrait conforter par la même occasion Washington qui, sous le poids des effets de la crise économico-financière et les leçons tirées de ses interventions militaires en Irak et en Afghanistan, semble s'orienter davantage vers la sous-traitance. D'autant plus que la Turquie compte parmi les membres de l'Otan dont la convergence de points de vues dépasse de très loin les questions qui divergent et qui sont plus conjoncturelles que d'ordre stratégique. S'agissant de la situation syrienne, source d'inquiétudes au vu de l'ampleur de la crise et du nombre des victimes de part et d'autres, les responsables syriens font face à un double défi. En premier lieu, les réformes politiques annoncées butent sur les effets de la surmédiatisation des évènements par des chaînes satellitaires arabes, dont Al Jazeera, avec un traitement différent selon les pays. Les responsables occidentaux, après avoir exprimer leurs « préoccupations et inquiétudes» sur la crise humanitaire, avertissent sur une éventuelle «crise de sécurité et d'instabilité dans la région». Un envoyé du président syrien est arrivé à Ankara hier pour discuter avec les responsables turcs, parallèlement à l'appel lancé par le gouvernement de Damas à l'adresse des réfugiées syriens les invitant à retourner à Jisr Al-Choughour, au nord-ouest, en assurant que l'armée a chargé les autorités locales de réparer les dégâts causés par «les groupes armés».