Le fossé se creuse de plus en plus entre le personnel navigant commercial et la direction d'Air Algérie. Selon une source bien informée, 23 stewards, considérés comme les meneurs de la protesta, ont été licenciés. Certains d'entre eux refusent de quitter l'aéroport d'Alger de peur de ne plus pouvoir y accéder. «S'ils sortent, leurs badges seront confisqués et ils ne pourront plus pénétrer dans l'enceinte de l'aéroport», explique notre source. Cette information a été confirmée, hier matin, sur les ondes de la Chaîne III, par le président-directeur général de la compagnie, Mohamed Salah Boultif, qui a appelé, par la même occasion, les grévistes à reprendre le travail et à l'instauration d'un dialogue constructif. Contacté par téléphone, le représentant du collectif du personnel navigant commercial, Yacine Hamamouche, a vivement critiqué le comportement des responsables de la compagnie nationale. «Je ne comprends pas pourquoi ils ne veulent pas accepter nos revendications. La veille du 11 juillet – premier jour de la grève – nous nous sommes entretenus avec le secrétaire général d'Air Algérie. Nous sommes sortis avec des solutions qui arrangent les deux parties. Mais la direction a changé d'avis et ne veut plus reconnaître cet accord. Le PDG demande mon départ de la tête du syndicat pour négocier. La base n'a pas accepté, bien entendu, cette proposition. Depuis ce matin, nous attendons un représentant de la direction pour engager de nouvelles négociations, mais personne n'est venu», a-t-il déploré. Visiblement très remonté contre la direction de la compagnie, M. Hamamouche a lancé : «A voir leur comportement, il me semble que cette situation les arrange. Au lieu de répondre favorablement à nos revendications, ils ont préféré payer des compagnies étrangères et recourir aux services de la Compagnie nationale du transport maritime pour casser le mouvement de grève.» Les voyageurs bloqués en Europe pris en charge par l'ENTMV Hier, en début d'après-midi, des ressortissants algériens bloqués dans des aéroports algériens et européens ont été pris en charge par l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs. Selon le PDG de la compagnie maritime, Ahcene Grairia, cité par l'APS, l'ENTMV a déjà transporté, depuis mardi vers Alger, 116 voyageurs à partir de Barcelone via Palma de Majorque, alors que 30 autres voyageurs arriveront à Oran à bord du navire Ariadne, en provenance d'Alicante. L'intervenant a indiqué que sa compagnie a les capacités de prendre en charge, rien que pour aujourd'hui, «entre 500 et 600 passagers d'Oran vers le port d'Alicante». 450 autres voyageurs vont être pris en charge à partir du port français de Marseille vers Alger, le même jour, a-t-il précisé. Dans un autre, registre, l'intervenant a indiqué que «l'ENTMV continuera de transporter les passagers d'Air Algérie jusqu'à la fin de la grève tant qu'il y a des places disponibles sur les liaisons maritimes desservies par l'entreprise». «Le plus important pour les responsables de l'ENTMV actuellement, a-t-il ajouté, est de ne pas laisser des Algériens bloqués à l'étranger.» Air Algérie s'offre les services de compagnies étrangères Pour pallier à cette situation inconfortable, la direction d'Air Algérie a mis en place, hier, une cellule de crise afin de procéder en priorité au rapatriement de ressortissants algériens de l'étranger, notamment de France. Une réunion d'urgence a été organisée en présence du secrétaire d'Etat chargé de la communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah, et à l'issue de laquelle la direction d'Air Algérie a décidé de recourir aux services de d'autres compagnies qui assureront 19 vols à partir de la France pour une capacité totale de 4 370 passagers, 14 vols sur le restant du réseau international pour 3 980 passagers, 34 vols sur le réseau domestique pour 4 180 passagers et des vols vers l'Afrique avec des avions de Tassili Airlines pour 450 passagers.