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Pagaille et bagarres entre personnel et passagers à l'aéroport international d'Alger Au troisième jour de grève du personnel navigant commercial d'Air Algérie
, une véritable anarchie règne à l'aéroport international Houari-Boumediene d'Alger. Des centaines de passagers attendent toujours d'être embarqués vers plusieurs destinations nationales et internationales. Hier, 4 vols vers des villes européennes et africaines ont été assurés grâce à des avions affrétés, alors qu'à l'échelle nationale, un seul vol vers Batna a été assuré, pénalisant des voyageurs qui dénoncent la prise en charge de la compagnie. C'est véritablement la pagaille. Des disputes ont éclaté tout au long de la journée entre le personnel et les voyageurs qui ne veulent pas être les otages ou les boucs émissaires de ce bras de fer. Des responsables d'Air Algérie ont même tenté de calmer les esprits en rassurant notamment les voyageurs que des dispositions seront prises pour assurer leurs déplacements. En vain. Les clients en colère ne veulent pas admettre que leur voyage soit perturbé, notamment ceux ayant des rendez-vous importants et des vacances à passer en famille à l'étranger. Des personnes ont dû patienter des heures debout devant les tableaux d'affichage des vols dans l'espoir d'embarquer. Des familles, des personnes âgées et des handicapés étaient assis à même le sol : «cela fait deux jours que nous sommes là. Personne n'est venu nous voir ou nous donner des explications. Nos enfants souffrent. Nous avons passé la nuit dans un hôtel miteux. Il n'y aucune prise en charge», ont tenu à signaler des voyageurs en partance vers la Turquie. «Nous demandons au moins le service minimum. Nous payons cher nos billets, et à la fin, on se retrouve dans cet état. Ce n'est pas juste et les deux parties sont responsables, aussi bien le personnel que la direction d'Air Algérie», a souligné de son côté un client venant de Miliana et devant passer ses vacances à Istanbul. Même les handicapés n'ont pas hésité à dénoncer la grève du personnel d'Air Algérie et la direction de la compagnie. Pour eux, les deux parties seront perdantes. «Désormais, je ne vais plus prendre les vols d'Air Algérie», a indiqué un handicapé offusqué par «le mouvement de débrayage engagé en cette période cruciale». D'autres personnes n'ont pas pu retenir leurs larmes et éclatent en sanglots : «Pitié, nous sommes fatigués et pressés de rejoindre nos familles», crient-elles en s'adressant aux responsables d'Air Algérie. Il est 13h00 et les halls de l'aéroport d'Alger ne pouvaient pas contenir les nombreux voyageurs qui ne voulaient pas rentrer. Certains ont même tenté de provoquer des manifestations pour dénoncer les retards et la grève. Mais ils en ont été empêchés par la police qui a été renforcée à cette occasion. Selon Yacef Abderrahmane, directeur d'exploitation adjoint, «les vols domestiques n'ont pas été assurés. Il y a eu un seul vol, celui d'Alger-Batna qui a été assuré sur les 16 vols programmés cette matinée. Pour l'après-midi, 19 vols étaient programmés». Concernant les vols internationaux, il a ajouté que sur 11 vols programmés, seulement quatre ont pu quitter l'aéroport d'Alger à destination de Paris, Nice, Casablanca et Bruxelles. Les grévistes défient la direction Du côté du personnel, la grève est maintenue jusqu'à satisfaction de l'ensemble des revendications, notamment l'augmentation salariale et la reconnaissance de leur statut avec les avantages y afférents. Nous avons appris que les négociations ont été entamées, mais personne n'a voulu nous renseigner sur l'évolution des pourparlers avec la direction générale. Certaines sources évoquent la possibilité du gel de la grève samedi prochain. D'autres sources plus pessimistes parlent d'un éventuel recrutement de personnel, notamment ceux de l'ex-compagnie Khalifa Airways qui avaient déjà déposé leurs CV. En solidarité avec les stewards licenciés par le DG, des collègues venant des autres régions ont observé un arrêt de travail hier matin. Ils étaient nombreux à dénoncer les décisions de licenciement prises par le nouveau PDG, M. Boultif. «C'est injuste d'avoir agi de la sorte avec nos collègues. Ils ont exprimé juste des revendications légitimes. Les stewards n'ont pas encore le titre de personnel navigant bien qu'ils naviguent depuis des années. Ils risquent quotidiennement leur vie pour des salaires de misère de 18 000 da. C'est grâce à quelques primes qu'ils peuvent faire face aux besoins de leurs familles. C'est impardonnable de juger illégale leur grève», nous confie un steward qui a requis l'anonymat par crainte de représailles. Par solidarité, des salariés d'Air Algérie n'ont pas voulu rejoindre leurs postes de travail jusqu'à la réintégration des stewards licenciés. L'affrètement des avions étrangers a suscité l'indignation du personnel gréviste. Le PDG a choisi la voie du pourrissement, selon les grévistes qui dénoncent cette «manœuvre déstabilisatrice et coûteuse». Selon le directeur d'exploitation adjoint, Air Algérie a ramené, hier, trois avions avec leurs équipages de Tunisie, de Tassili Airlines et de Air Made. L'opération est coûteuse, selon notre interlocuteur, mais devant la détresse des voyageurs, la relation client est plus importante, signifie-t-il. Une cellule de crise installée Devant l'ampleur de l'anarchie causée par ce mouvement de grève, une cellule de crise a été mise en place afin de procéder en priorité au rapatriement de ressortissants algériens résidant à l'étranger, notamment en France, bloqués depuis deux jours dans les aéroports, en attente d'embarquement. Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio algérienne, le président-directeur général de la compagnie, Mohamed-Salah Boultif, a confirmé le licenciement des meneurs de la protesta, et appellé les grévistes à reprendre le travail et à l'instauration d'un dialogue constructif. «des milliers de passagers sont actuellement en rade, notamment dans les aéroports étrangers. Ce collectif (à l'origine de la grève) a pris en otages la compagnie et ses passagers», a déclaré M. Boultif à la radio algérienne.