Au lieu de combattre le mal à sa racine, les responsables chargés de régulariser les prix des produits agricoles se plaisent au jeu du chat et de la souris avec les spéculateurs. Intervenant, hier matin, sur les ondes de la Radio nationale, Youcef Redjam Khodja, directeur de la régulation et du développement des productions agricoles au sein du département de Benaïssa, a tenu à rassurer les Algériens quant à la disponibilité des produits agricoles et dérivés durant le Ramadhan. Ce qui dissuadera, au yeux des pouvoir publics, les barons de la spéculation à manipuler les prix. Ces produits, affirme l'orateur, concernent essentiellement de saison prisés durant cette période de l'année. Ainsi, l'Etat a mis sur le marché environs 130 000 tonnes de tomates, 48 000 tonnes de courgettes, 11 000 tonnes d'haricots et 26 000 tonnes de laitue. Vu l'importance des produits distribués, a indiqué M. Khodja, «il n'y aura pas de problème de disponibilité». La même politique est appliquée dans le marché de la viande, selon le même intervenant, qui a assuré que «le marché serait bien approvisionné, vu les quantités importées et stockées qui seront mises sur le marché pour stabiliser les prix et répondre à la forte demande pendant le Ramadhan. En plus de la production nationale, des appoints d'importation ont été effectués», a-t-il dit. Ainsi, en plus de la viande congelée importée, environ 4 000 tonnes de viande ovine congelée d'origine locale seront mises sur le marché à des «prix qui avoisinent les 600 DA le kilo et qui sera vendue à travers un circuit de distribution comprenant plus de 300 points de vente à travers 40 wilayas», affirme M. Redjem. Plus de 22 000 tonnes de viande rouge sont importées depuis janvier par des opérateurs publics et privés, a indiqué ce responsable. En plus de ce chiffre, il a annoncé que le secteur a enregistré l'importation de plus de 14 000 tonnes de taurillons destinés à la boucherie, ce qui va donner 3 000 tonnes de viande fraîche. En outre, un stock de 10 000 tonnes de viande blanche a été constitué en prévision du mois de Ramadhan, soit le double de l'année précédente, a-t-il annoncé. Quant au poulet congelé produit localement, il sera cédé à de 250 DA le kilo à travers 286 points de vente dans les 48 wilayas, selon M. Redjam. A ce sujet, le responsable de la régulation et du développement des productions agricoles a souligné qu'«il ne s'agit pas là de casser les prix, mais de réguler le marché». La disponibilité des produits laitiers ne sont pas négligés par le département de Benaïssa. La décision prise par les pouvoirs publics d'augmenter de 15% les quotas de poudre de lait des transformateurs pendant le Ramadhan devrait hisser la production de lait pasteurisé en sachet à 5,2 millions de litres/jour contre 4,5 millions de litres par jour, a indiqué le responsable. S'agissant des céréales, l'augmentation des quotas des semouliers et des minotiers à hauteur de 10% va permettre également d'augmenter la production des produits à base de blé dur et de blé tendre. La preuve ! Les 152 semouleries du pays produisent 110 000 quintaux de semoule par jour alors que 160 000 q/jour de farine sont destinés à la fabrication du pain. La régulation du marché des produits agricoles, notons-le, se fait à travers le système de régulation des produits de large consommation. Cette manœuvre consiste à stocker les surplus de production quand il s'agit de certains produits locaux de saison, comme la pomme de terre, l'ail et l'oignon et les céréales issues de la production nationale. Il est également question de constituer des stocks par l'importation de quantités supplémentaires de céréales et de poudre de lait. Outre la protection du pouvoir d'achat des consommateurs, le système de régulation des produits de large consommation vise à protéger les revenus des agriculteurs et à rationaliser les importations. Connaissant l'organisation et la structure des réseaux de spéculation, il est à s'interroger si réellement ces dispositions vont protéger le consommateur de la voracité des spéculateurs qui ne sont jamais en pénurie d'idées pour provoquer une vraie… pénurie de produits de large consommation.