Généralisé depuis seulement trois jours, le système du tiers payant Chifa commence déjà à montrer «les symptômes de son échec», pensent à l'unanimité les pharmaciens d'Alger que nous avons visité hier. Selon eux, ce système montre dès le début des manquements et plusieurs insuffisances dans son mise en application. Le premier défaut est le manque d'information et d'orientation des assurés par les services de la Cnas. «Les gens n'ont pas compris ce qu'est le système du tiers payant. Ils croient qu'ils peuvent acquérir le médicament gratuitement, alors qu'ils doivent payer le tarif de référence et les 20% non remboursables», nous dira un pharmacien, ajoutant qu'«il y a un manque d'informations et d'orientation des assurés. La Cnas doit leur expliquer les procédures de cette opération». «On s'est retrouvé à faire leur travail (Cnas) en expliquant aux gens ce qu'ils doivent faire pour pouvoir bénéficier de ce système», ajoute son collègue. Lors de notre tournée au sein de plusieurs officines de la capitale, nous avons constaté un grand embarras chez les pharmaciens ainsi que chez les détenteurs de la carte Chifa. Ces derniers reprochent aux pharmaciens tout problème survenant dans l'opération de l'acquisition des médicaments. La plupart des pharmaciens rencontrés nous ont dit que plusieurs cartes présentées ne sont pas actives, bien qu'elles soient récentes. «Ce matin, il y avait un homme qui s'est présenté avec une carte inactive alors qu'il l'a récupéré il y a trois mois», s'étonne une pharmacienne, rencontrée à la rue Belouizdad. «On est en train de subir les erreurs des concepteurs de ce système. Il y a des gens qui refusent de payer le taux non remboursable (20%). Il y a ceux qui ne comprennent pas qu'ils ne peuvent pas acquérir plus de trois ordonnances par trimestre», se désole-t-elle.