Une journée de ramadhan est longue et difficile en période de canicule. Le corps soumis à l'épreuve de la faim et de la soif demande à boire et à consommer du sucre dès la rupture du jeûne. La limonade répond parfaitement aux besoins des jeûneurs pour son goût agréable et sa teneur en sucre. C'est pourquoi on la consomme parfois exagérément. On peut même être heureux intérieurement à l'idée de pouvoir se désaltérer à l'heure du ftour, mais attention ! en période de canicule après les longues journées d'été, il est recommandé de manger chaud avant de bore. Ceux qui ont eu, par le passé, l'imprudence de faire l'inverse, surtout en buvant frais, ont eu des problèmes de santé. Une boisson, une longue histoire... La première limonade a vu le jour au 19e siècle quelqu'un de bien informé a cité 1895 comme date de mise en bouteille de cette boisson gazeuse qui a fait fureur dès ses débuts. Son inventeur s'est d'ailleurs vite enrichi. Son industrie a traversé l'Atlantique avant de gagner la plupart des pays européens. A l'exception du Coca Cola qui a gardé le secret desa recette de fabrication, la limonade est devenue l'affaire de tous ceux qui peuvent acquérir le matériel nécessaire pour sa production industrielle. Les machines se sont perfectionnées très vite Que de marques on a vu défiler, depuis les origines avec des ingrédients pouvant donner l'envie de boire : de l'acide nitrique pour sa concentration, de l'eau, du sucre, du riz pour son aspect pétillant. Il paraît que les premiers ont commencé par utiliser le jus de citron qu'ils laissaient fermenter au frigidaire après l'avoir sucré au préalable. Cette première boisson a été trouvée agréable au goût. Puis on a introduit d'autres particularités comme le gaz pour obtenir une boisson correspondant à la limonade. D'autres producteurs lui ont apporté des améliorations pour avoir le monopole de la vente et pouvoir s'enrichir. Le brevet d'invention est gardé jalousement par ceux qui ont cherché pour trouver ce qu'il y a de meilleur. C'est le cas du jus de citron additionné de sucre, qui a été apprêté différemment et qui a conduit à l'idée de lui ajouter du carbonate de soude capable de neutraliser l'acidité du fruit sans modifier sa composition et en créant des bulles pétillantes de gaz qui donnent l'envie de boire. A ses débuts, c'est par rapport à son gaz que la limonade intéressait les consommateurs. Et que de marques se sont succédé dans un marché déloyal ! L'industrie de la limonade a pris de l'expansion et a connu une diversité de techniques de fabrication, de couleurs, d'emballage et la boisson est restée indétrônable, surtout ave les bouteilles en plastique qui facilitent sa vente. Que d'histoires, depuis les origines ! En ces journées de ramadhan, toutes les idées sont bonnes pour donner envie de boire à ceux qui ont soif. On tente même des productions artisanales, comme la boisson «cherbat» vendue en sachets transparents que les plus astucieux parmi les marchands exposent pour inciter à acheter. Notre société a une longue expérience des jus et de la limonade. Même nos vieilles d'il y a plus d'un siècle savaient faire du jus de raisin qu'elles transformaient parfois en vinaigre moyennant fermentation. Dans l'ancien temps, on consommait du jus de citron à défaut de limonade pendant le ramadhan, parce que, malgré son acidité, il est riche en vitamine C, utile à ceux qui jeûnent en journées longues d'été; comme le citron était abondamment produit chez nous durant les quatre saisons, les cafetiers en pressaient une quantité suffisante pour le servir en jus bien sucré à des clients qui le préféraient au café et au thé dont l'abus nuit. Revenons à la limonade pour dire qu'elle n'était pas à la portée de toutes les bourses. Mais les petits enfants en raffolaient, si bien qu'ils trouvaient moyen d'en chiper quelques petites bouteilles à des commerçants qui les posaient à même les vides sitôt qu'ils avaient fini de les boire en silence. Pour ne pas éveiller l'attention, ils n'allaient pas toujours chez le même marchand et prenaient soin d'aller se cacher dans les coins obscurs pour consommer. «Jusqu'à l'âge de 18 ans, je n'ai jamais pu rentrer chez moi une bouteille de limonade tant nous étions démunis, nous dit une retraitée restée reconnaissante vis-à-vis de ceux qui, à l'occasion d'un événement, leur avaient offert un verre à elle et à ses camarades de quartier. Pourtant, poursuit-elle, dans notre village, il y avait une petite limonaderie appartenant à quelqu'un qui s'était installé, faute de mieux, dans une cave, et qui la livrait en petites bouteilles dans une vieille camionnette des années quarante et qui peinait à grimper, quand elle ne tombait pas en banne. Quelle vie difficile mais tout de même pleine de charme et dont on garde encore de vifs souvenirs.