Dans cet entretien à La Nouvelle République, le président du Comité olympique algérien Rachid Hanifi évoque l'hymne olympique national qui sera proposé aux enfants scolarisés, lors de la séance d'éducation physique et sportive. Il est également question de la création de comités olympiques régionaux avec une antenne en France, afin de rapprocher l'olympisme aux jeunes de façon la plus large possible. La Nouvelle République : le COA affiche un programme intéressant notamment à travers des journées de formation, voire de sensibilisation sur diverses questions. Pouvez-vous nous faire un rappel des thèmes développés et quel bilan tirez-vous de ces rencontres ? Pr Rachid Hanifi : Les principaux thèmes abordés durant l'année 2010 sont le consensus sur le contenu du carnet médical de l'athlète, les procédures de saisine des instances de recours et traitement des litiges dans le sport, les modalités de confection d'un contrat de travail entre le sportif et le club, la formation des gestionnaires du sport et le cours international de médecine du sport, sous l'égide du CIO. Ces thèmes, d'un intérêt particulièrement important, n'ont malheureusement pas tous suscité l'attention nécessaire de la part des acteurs du mouvement sportif, à l'exception du cours de médecine du sport qui a drainé une centaine de médecins exerçant dans les structures du ministère de la Jeunesse et des Sports. Justement ces rencontres intéressent-elles les professionnels du secteur ? Les thèmes développés devraient intéresser les professionnels du secteur, afin d'avoir les outils nécessaires pour améliorer les conditions de gestion et de préparation des sportifs. Il n'est pas concevable, par exemple, d'entrevoir une professionnalisation de l'activité sportive (exemple du football), sans programmer la professionnalisation de la gestion. Il existe aujourd'hui des structures spécialisées pour la formation des différents domaines de gestion du sport, tels que l'économie, le droit et le marketing. C'est dans ce cadre que nous avons invité le président du Centre de droit et d'économie du sport (CDES) de Limoges, université spécialisée bien connue au niveau international, avec l'espoir d'engager une convention avec l'ENS/STS de Dely Ibrahim. Récemment, un professionnel sportif nous disait que ce n'est pas facile de drainer du monde à ces rencontres qui sont pourtant d'une importance capitale. Quel est votre point de vue ? Il est vrai qu'il n'est pas facile de faire participer les professionnels du secteur à des initiatives auxquelles ils ne sont pas habitués. Les vieux réflexes ont la peau dure. Les méthodes modernes de gestion du sport ne sont pas encore intégrées dans le mental de nos dirigeants, mais il faut persévérer dans cette voie, afin de les convaincre de la nécessité de s'adapter, pour ne pas rester à la traîne de l'évolution scientifique et technologique. La médecine du sport vous connaissez très bien puisque vous même êtes médecin. Pour beaucoup, elle est la colonne vertébrale du mouvement sportif, pensez-vous qu'elle se développe à l'image de l'internationale ? Il faut rappeler que l'Algérie était largement en avance, au plan continental et même sur certains pays européens, dans le domaine de la médecine du sport. Dans les années 1980, le Centre national de médecine du sport était une référence au plan africain, au point où il avait suscité plusieurs conventions avec des pays du continent, pour la prise en charge de leurs athlètes. Nous avons malheureusement accusé un sérieux retard par la suite, avec notamment la réaffectation du CNMS vers d'autres activités que celle initiale, faisant perdre aux sportifs, un outil essentiel pour leur préparation. Un nouveau CNMS a été mis en place, dans les structures du MJS, beaucoup moins ambitieux, avec la projection de création de centres médicaux régionaux, de même qu'un programme de formation est prévu pour les médecins exerçant sous la tutelle du MJS. Il faut bien comprendre que la médecine du sport est devenue indispensable pour une préparation optimale de l'athlète, car elle assure sa protection (blessures, surcharge de travail, dopage) et participe à l'adaptation de la charge d'entraînement et au processus de récupération. Nombreux sont les clubs qui se déplacent dans le cadre des manifestations internationales. Nous aimerions vous poser une question qui est certainement celle que se posent les amoureux du sport. Pourquoi peu de résultats positifs ? Pourtant l'idée d'y participer signifie que les acteurs sont prêts pour réaliser des scores honorables… Il faut reconnaître que notre sport a connu une certaine régression, en matière de résultats. A mon avis, il y a deux raisons à ce recul : la décennie sanglante des années 1990 d'une part et la mauvaise gestion des conséquences du décret 05/405 d'autre part. Cette dernière raison a engendré une certaine tension entre le mouvement associatif sportif (COA et certaines fédérations) et le MJS, avec des répercussions au niveau international qui ont provoqué un retard dans la préparation de nos athlètes. La régression des résultats compétitifs était par conséquent prévisible. L'Algérie participera ou participe déjà aux différentes compétitions internationales… En effet, nos sportifs sont engagés dans différents tournois internationaux tels que les Jeux africains de Maputo en septembre 2011, les Jeux arabes de Doha en décembre 2011 et les Jeux olympiques de Londres en juillet 2012. La préparation se déroule dans des conditions matérielles intéressantes, puisque, selon nos informations, de gros moyens auraient été dégagés par les pouvoirs publics. Le reste est du domaine technique et relève strictement de la fédération concernée. Nous espérons, cependant, compte tenu des derniers résultats obtenus aux différentes compétitions officielles ou de préparation auxquelles ont participé nos sportifs, que des espoirs de performance honorable demeurent en athlétisme, boxe et judo, ainsi que chez nos handisportifs qui nous ont habitués à de bons résultats. Vous êtes un homme de communication, vous l'avez démontré à diverses occasions, dites-nous quel regard portez-vous sur le marché du marketing sportif aujourd'hui d'une part et d'autre part, pensez-vous que beaucoup reste à faire dans ce domaine ? La communication est un outil de travail indispensable dans le sport, comme dans d'autres domaines. Nous n'avons pas encore une politique offensive, en matière de communication et marketing sportifs, et cette matière ne fait pas encore partie de nos traditions professionnelles, la meilleure preuve étant le peu d'engouement des dirigeants sportifs aux différents séminaires organisés autour de ce thème. Je pense, cependant, qu'il faut continuer à œuvrer pour la promotion de la communication et marketing sportifs, à travers d'autres séminaires et des programmes de formation spécialisée au profit des gestionnaires du sport. Le Comité olympique algérien participe à cette démarche de sensibilisation, par la contribution aux séminaires organisés par l'agence de communication RH international, et par la prise en charge de journées de formation de gestionnaires du sport. Quels sont les objectifs immédiats du COA, d'une part et d'autre part, en votre qualité de professeur en médecine, pensez-vous que celle du sport évolue où beaucoup reste à faire encore ? Le COA a un ambitieux programme de promotion de la pratique sportive au niveau national, à travers l'organisation de la journée olympique, de la semaine sport-sud, du camp olympique à l'école de voile et de séminaires spécialisés. Nous projetons également, avec le ministère de l'Education nationale de relancer le sport scolaire, en l'enrichissant par l'enseignement des valeurs olympiques. A ce titre, nous avons, avec le concours du chanteur-compositeur Sadek Djemaoui, conçu un «hymne olympique national» que nous comptons proposer aux enfants scolarisés, lors de la séance d'éducation physique et sportive. Nous projetons également la création de Comités olympiques régionaux, avec une antenne en France, afin de rapprocher l'olympisme de nos jeunes de façon la plus large possible. Au niveau du sport d'élite, nous avons commencé les contacts et projets de convention avec un certain nombre de comités nationaux étrangers, dans le but de réunir les meilleures conditions possibles de préparations de nos athlètes pour les Jeux olympiques notamment. Un message ? Je terminerais, si vous me le permettez, en adressant, en mon nom et celui du Comité olympique algérien, mes sincères félicitations à notre Equipe nationale militaire de football pour sa brillante prestation à Rio (Brésil), en espérant que notre sélection olympique puisse prendre exemple et honorer, aux côtés, j'espère d'autres disciplines, notre pays, aux prochains Jeux olympiques de Londres.