Face à la crise financière qui menace aujourd'hui l'économie mondiale, les dirigeants des pays occidentaux se mobilisent et tentent par tous les moyens de l'endiguer en injectant de l'argent pris sur des avoirs étrangers ou en prenant des mesures drastiques pour parer à tout effondrement, dont les conséquences seraient immédiats sur l'activité économique, et notamment – la hantise du simple citoyen aujourd'hui – sur l'inflation et le pouvoir d'achat. Les plans préconisés depuis quelques années par le FMI aux pays surendettés (Irlande, Italie, Grèce, Espagne...) n'ont pas eu l'effet escompté. Même la France est, aujourd'hui, sur la même voie d'austérité et les entreprises économiques et institutions financières traversent une crise endémique. En Grande-Bretagne, les dernières émeutes de la jeunesse des quartiers populaires ont révélé au monde la fragilité de l'économie britannique et la faillite de son système social. Aux Etats-Unis, la hantise d'un krach boursier fait craindre un effondrement du système international et une nouvelle banqueroute mondiale. Partout, les dérives du capitalisme sont dénoncées, mais jamais assumées par ses apôtres. Tous les libéraux plaident, comme Nicolas Sarkozy, pour «un nouvel équilibre» entre le marché et l'Etat et appellent à «plus d'Etat» pour réguler un système jugé vacillant et finalement incapable d'assurer sa propre sécurité. Dans cette gestion de la crise, les Etats-Unis, paradoxalement beaucoup moins alarmistes, ne veulent pas marcher dans la combine européenne, qui consiste à aller vers plus d'Etat dans la régulation du marché et du système financier, celui-ci n'étant plus en mesure de s'autoréguler, et qui tend à remettre en cause certains principes fondateurs de l'économie de marché. Ils ont été pourtant les premiers à prendre l'initiative d'injecter des sommes colossales pour sauver leur système financiers d'une banqueroute annoncée. Les avatars d'un système Cela dit, ce sentiment d'insécurité, voire de panique, qui s'empare des Occidentaux ne manquerait pas d'entraîner des conséquences politiques à court et à moyen termes. Pour les plus sceptiques, cette situation justifie déjà un certain volontarisme national qui risque de favoriser les tenants du repli nationaliste et de l'anti-mondialisation les plus extrémistes. Pour d'autres observateurs, l'Europe est trop engagée dans l'économie mondiale pour pouvoir échapper à ses effets pervers. Autre conséquence prévisible de cette récession tenace dont souffre l'économie mondiale : avec une économie chancelante, les Etats-Unis hésiteraient à se lancer dans de nouvelles aventures guerrières – ce qui n'est pas le cas de ses alliés européens qui se sont mystérieusement empressés de déclarer la guerre à la Libye et demain peut-être aussi à la Syrie. Toutes les analyses s'accordent à voir dans l'interventionnisme, parfois zélé de certains gouvernements, les signes d'une nouvelle ère, voire en tout cas la fin d'une certaine forme du capitalisme dans le monde. Une occasion propice pour les partis de gauche d'enfoncer le clou à une droite revenue en force au pouvoir dans la majeure partie de l'Europe, et de sauter sur l'évènement pour se replacer sur l'échiquier politique. Mieux, c'est devenu un débat de société qui a amené l'opinion à se demander, à juste titre, pourquoi ces gouvernements, dits socio-démocrates ou socio-libéraux, n'ont pas fait preuve d'une telle mobilisation et d'une telle promptitude pour soutenir l'emploi ou la croissance dans leur propres pays, ou pour venir au secours des pays déshérités dans le monde.