Six mois après son retour d'exil, le président du parti d'Ennahda en Tunisie a choisi l'Algérie, pour sa première sortie à l'étranger. Pourquoi l'Algérie, pour quelle raison et pour quel objectif ? Des questions qui méritent d'être posées, mais qui restent pour l'instant sans réponses, même si le leader d'Ennahda parle de visite d'amitié et de courtoisie chez d'anciens amis ! Le président d'Ennahda n'a pas manqué d'enfiler officieusement le costume du ministre des Affaires religieuses tunisien et ce, en allant présenter des condoléances et en rendant hommage au défunt Abderrahmane-Chibane, président des Oulémas Algériens. Le reste des activités du chef islamiste tunisien s'est déroulé discrètement sans tambour ni trompette. Certaines sources ont indiqué qu'il a eu des entretiens avec plusieurs responsables des partis politiques du courant islamique en Algérie, dont l'ex-Fis dissous. Selon des sources qui restent à confirmer, le patron d'Ennahda est venu en Algérie demander à ses «frères» des aides financières pour son parti. A-t-il pu obtenir ce qu'il voulait ? Quel est le montant ? Qui sont les donateurs ? Des questions qui restent pour l'instant sans réponse. Le président d'Ennahda n'est pas totalement un inconnu pour les Algériens et, surtout, les islamistes. En 1990, fuyant la Tunisie, Rached Al-Ghannouchi s'est exilé en Algérie au moment où ces acolytes avaient le vent en poupe. A l'époque, le chef d'Ennahda circulait avec un passeport diplomatique soudanais. Il devrait quitter Alger en 1991 pour la Grande-Bretagne au moment où les forces de sécurité ont commencé à interpeller les responsables du FIS. Accusé de complot contre le président de la République, il fut condamné au mois d'août 1992 à perpétuité par contumace, par un tribunal militaire à Tunis. Il s'installa dans une banlieue à Londres et a réussi à décrocher le statut de réfugier au mois d'août 1993. Ne baissant pas les bras même à l'étranger, il a continué son militantisme en Grande-Bretagne, tirant à boulets rouges sur les pouvoirs arabes, dont l'Algérie. Après la chute de Ben Ali, il retourna à Tunis où le tapis rouge lui a été roulé sous les pieds, alors qu'il était l'ennemi N°1 du pouvoir tunisien. Au moment où ces militants continuent de faire des démonstrations de force en Tunisie, Al-Ghanouchi a tenu de se déplacer en Algérie. Ce voyage a inquiété plus d'un, particulièrement ceux qui ont souffert des affres du terrorisme et dont Al-Ghanouchi n'est pas totalement étranger à ces événements douloureux qu'a traversé l'Algérie.