Curieusement, le vandalisme politique visant à neutraliser puis à dissoudre les Etats ne se manifeste pas de manière anarchique, comme on pourrait s'y attendre. Il s'accomplit presque toujours dans le respect apparent de normes et de procédures encore en vigueur. Les organisations internationales (ONU, etc.) jouent encore un rôle non négligeable dans le mécanisme de mise au pas. Pour s'en tirer à bon compte, pour éviter d'être une des prochaines cibles, un pays quel qu'il soit doit impérativement : s'intégrer à la «communauté internationale» telle que la définissent les décideurs ; voter comme on l'attend de lui, ou du moins s'abstenir (ce n'est, «hélas», pas toujours le cas) ; accepter sans murmure la mondialisation et toutes ses conséquences, aussi désastreuses soient-elles pour la population locale ; tolérer, voire accepter pleinement le rôle privilégié du lobby sioniste (par endroits encore assez difficile à imposer, mais on ne demande à personne de manifester bruyamment son enthousiasme). Un peu comme chez Orwell (dans son «1984»), ce cheminement délicat au nom de la «raison d'Etat» (en l'occurrence un Etat supranational) donne lieu de temps à autre à des «corrections» a posteriori, comme dans le cas de la résolution de l'ONU de 1975 assimilant le sionisme au racisme, «abrogée» en 1991. Il est évident que le terrorisme d'Etat, le terrorisme-spectacle et la mystification permanente font partie intégrante de ce nouveau «grand jeu». En avril 2008, Thierry Meyssan (dans Réseau Voltaire) décrit ainsi le plan américain pour une réorganisation du monde : «L'idée principale est d'en finir avec le système de l'ONU qui combine une Assemblée générale où chaque Etat dispose d'une voix égale et un Conseil de sécurité qui fait office de directoire, dans lequel les décisions de Washington peuvent être bloquées par le veto de quatre grandes puissances (Chine, France, Royaume-Uni, Russie). A la place doit être créée une «Assemblée des démocraties» - dont seront exclus les Etats refusant le modèle US -, où les droits de vote seront proportionnels aux capacités économiques et aux contributions financières, et donc où les Etats-Unis se tailleront «la part du lion». En outre, chaque partie du monde sera gouvernée par une organisation régionale dirigée par un directoire local, dont les membres seront désignés par Washington pour y appliquer sa loi.» Les nations, qui ont mis des siècles ou parfois des millénaires à se former, ne devaient pas être annexées de force dans un grand tout forcément étranger. Les tendances actuelles ne vont pas dans ce sens ; elles ramènent le monde - socialement - à l'époque préhistorique. Seules différences : le niveau technique et la domination centralisée à l'échelle mondiale. En substance, assisterions-nous à la chute de la courbe de Gausse?(Suite et fin)