Après le premier déplacement effectué jeudi à Tripoli par Mahmoud Djebril, deuxième responsable du Conseil national de transition libyen, samedi, c'était au tour de Mustapha Abdeldjalil de se rendre dans la capitale libyenne, à la veille de la fin de l'ultimatum accordé aux villes encore sous contrôle des loyalistes à El-Gueddafi. Dans ses déclarations tenues jeudi, à partir de Tripoli, Mahmoud Djebril, a averti sur les conséquences gravissimes au vu, selon ses propos, de «l'empressement» par certains acteurs politiques au sein du CNT de récolter sur leur compte les acquis politiques de la rébellion armée contre le régime El-Gueddafi. «Nous en sommes à une phase où nous devons nous rassembler», a souligné le numéro 2 du CNT en indiquant qu'«une fois que la bataille sera terminée, le jeu politique pourra commencer», a-t-il dit. Des propos qui renseignent on ne peut mieux sur la portée et la teneur des divergences contenus au début de la crise libyenne par les différents courants politiques au profit de la création le 27 février du CNT, dix jours après le début de la rébellion armée, à l'Est de la Libye, à Benghazi. La montée en surface des désaccords politiques au sein du CNT, évoquées par Djebril coïncide au lendemain de la prise par les rebelles de Tripoli, capitale politique du pays. A cela vient s'ajouter la culminante question qui se pose au CNT, constituant aussi un défi politique à relever par ce dernier, à savoir : El Gueddafi demeure introuvable à ce jour. Si pour sa part Mahmoud Djebril dans ses propos tenus à Tripoli a eu à indiquer qu'il démissionnerait si la course politique par certains de ses collègues du CNT persistait, Mustapha Abdeljalil, président du CNT, a usé du même ton et des mêmes termes dès son arrivée, samedi, à Tripoli. Soulignant dans ses propos que beaucoup reste à faire, allusion à l'action militaire de la rébellion sur fond des villes encore sous contrôle des pro-Gueddafi, Abdeljalil a appelé à «la non-dispersion des rangs». Propos tenus après avoir descendu l'escabeau de l'avion qui l'a transporté à l'aéroport de Tripoli, après une escale à Misrata. Accompagné de Mahmoud Djebril et de Abdelhakim Belhadj, celui ci tenait le bras de Mustapha Abdeljalil en le brandissant haut en direction des caméras, des objectifs des photographes et des rebelles venus accueillir le président du CNT. Ceci étant, si le volet politique commence à prendre de plus en plus le devant de l'actualité libyenne, il n'en demeure pas moins que l'action militaire, de la rébellion, de l'Otan et des pro-Gueddafi demeure encore le moyen majeur dictant le cours de la politique à promouvoir. La fin, hier, de l'ultimatum accordé par le CNT, aux régions libyennes pro-Gueddafi a été précédé par l'intensification des frappes aériennes de l'Otan à Beni Walid et Syrte pour ne citer que ces deux villes. Des raids aériens en vue d'ouvrir la voie à la rébellion armée pour entrer à Beni Walid avec l'expiration de l'ultimatum précité. Cela étant, il est à rappeler qu'Hillary Clinton a eu à déclarer au cours de la tenue à Paris de la conférence du groupe de contact sur la Libye que «gagner la guerre n'offre aucune garantie de gagner la paix qui s'ensuit». Et de préciser que «ce qui se passera dans les prochains jours sera crucial». Et de son côté, le président français a soutenu au cours de la conférence en question que «c'était le devoir de l'Europe de se préoccuper elle-même de l'équilibre et de la paix dans les zones qui lui sont proches» en précisant : «Et c'est un progrès par rapport à ce qui s'est passé il y a quelques années dans l'ex-Yougoslavie», dont Washington a été l'acteur principal. Déclarations qui montrent encore une fois que l'adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité a été très loin pour sauver les civils libyens. Les frappes de l'Otan ont causé la mort de civils, certains diront qu'ils s'agit «de dommages collatéraux».