El Gueddafi a jusqu'à la fin mai pour trouver un accord avec la communauté internationale et s'exiler. Les responsables du Conseil national de transition libyen (CNT, organe politique de la rébellion) cherchent à asseoir leur légitimité internationale en multipliant les visites à l'étranger. Après avoir enregistré sur le terrain des succès face aux troupes loyales au colonel Mouamar El Gueddafi, le CNT, qui a annoncé jeudi la nomination de nouveaux «ministres», notamment à l'Intérieur et à la Défense, est reconnu comme seul interlocuteur légitime en Libye par la France, l'Italie, la Gambie et le Qatar. De son côté, l'Allemagne a annoncé l'ouverture d'un bureau de liaison à Benghazi, suivant ainsi l'Union européenne. Après sa rencontre avec M.Abdeljalil, jeudi à Londres, le Premier ministre britannique David Cameron a invité le CNT à ouvrir, dans sa capitale, son premier bureau de représentation en Europe et promis plusieurs millions de livres d'équipements pour la police de Benghazi, ainsi que du matériel de communication. Pour Londres, le CNT est désormais «l'interlocuteur politique légitime de la Libye». Un acquis de taille pour l'opposition qui commence à prendre des ailes, alors que son chef de la diplomatie Mahmoud Jibril se trouve pour plusieurs jours aux Etats-Unis. De part cette visite à Washington, le CNT vise à atteindre deux objectifs. L'obtention d'une reconnaissance officielle par les Etats-Unis et l'utilisation au profit des rebelles, de certains avoirs gelés du colonel El Gueddafi. «Nous sommes face à un problème financier très aigu (...), nous n'avons presque plus d'argent», avait expliqué M.Jibril, à qui la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a promis que «les Etats-Unis vont puiser dans les fonds libyens bloqués sur leur territoire pour aider le peuple» libyen. Selon une source proche de l'administration, Washington pourrait verser à court terme plus de 150 millions de dollars aux rebelles. Interrogé sur la chaîne CNN sur ce qu'il attend des entretiens d'hier, Mahmoud Jibril a déclaré: «nous avons besoin d'être reconnus» officiellement par les Etats-Unis. Allant plus loin dans son exigence, le chef de la diplomatie de la rébellion libyenne, Mahmoud Jibril, avait pronostiqué, jeudi devant le centre de réflexion Brookings, une chute du régime El Gueddafi «dans les quelques semaines à venir» et demandé l'aide des Etats-Unis pour aider financièrement les insurgés. «Soit une répression interne aura lieu, soit un effondrement total du régime va se produire dans les quelques semaines à venir, avec un peu de chance», a-t-il déclaré. Ces contacts et ces déclarations tous azimus interviennent alors que les rebelles, dopés par leur succès de l'aéroport de Misrata (ouest) sur les forces loyalistes, s'apprêtent à marcher sur Zliten, avec en ligne de mire Tripoli, à 200 km à l'ouest. L'évolution du conflit entre les forces loyales et la rébellion prend invraisemblablement une tournure de plus en plus diplomatique. Effectivement, une issue militaire au conflit est peu probable et la capitulation d'El Gueddafi reste impensable. Se retrouvant au pied du mur, le président libyen en raison de l'ultimatum donné par l'Otan. Le colonel Mouamar El Gueddafi a «jusqu'à la fin mai pour trouver un accord» avec la communauté internationale et s'exiler avant que ne tombe le couperet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, a estimé mercredi le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. Notons également la déclaration du vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaïm lequel a affirmé que le régime ne tenterait pas de reprendre, par la force, l'Est aux mains des forces rebelles: «Ce n'est pas la politique du gouvernement que de reconquérir les villes de l'Est», a-t-il dit, signe, estime-t-on, de l'épuisement du colonel El Gueddafi, qui semble admettre que le soutien des occidentaux a la rébellion avait changé la donne.