Présenté comme l'initiateur de l'intervention de l'Otan en Libye, Sarkozy a fait un triomphe jeudi dernier chez les membres du CNT libyen qui semblent, eux, toujours en mal de reconnaissance sur la scène internationale. La preuve : cette attaque en règle contre l'Algérie : «One, two, three, viva Sarkozy !» L'allusion à notre pays est des plus manifestes. Prononcés devant le chef de l'Etat de l'ancienne puissance coloniale, ces quelques syllabes prennent une tournure symbolique que les Algériens ne seront pas près de pardonner. Et pour cause ! Nos compatriotes ne pourront jamais se considérer comme frères avec des traîtres, qui n'ont pas hésité à appeler à l'ingérence étrangère. Pour l'histoire, l'Algérie avait réussi, elle, à faire courber l'échine à l'ancienne puissance coloniale qui était aidée déjà à l'époque par les troupes de l'Otan. La focalisation sur l'Algérie n'est donc pas innocente. Elle est lourde de sens. Le retour de la France coloniale dans la région n'a, en effet, rien de réjouissant, d'autant que l'un des leaders de cette diplomatie guerrière n'est autre qu'un revanchard natif de Béni-Saf en Algérie. En effet, la délégation occidentale comportait en son sein un intrus qui a pour nom un certain Bernard Henri-Lévy, un philosophe milliardaire qui s'adonne à un jeu trouble dont les tenants et les aboutissants finiront par éclater, tôt ou tard, au grand jour. Premier arrivé, premier servi ? Le déplacement du président français Nicolas Sarkozy et du Premier Ministre britannique, David Cameron, en Libye avait tout l'air d'être une mission de prospection d'un marché plus que prometteur. Malgré leurs dénégations, les deux hommes politiques se sont présentés en Libye non pas comme des chefs de guerre, mais plutôt comme des VRP au service de leurs pays respectifs. Personne n'en est dupe. Pour de nombreux observateurs, il s'agit bel et bien d'un partage des richesses. Sarkozy aura tenté, durant cette visite sous haute surveillance, d'évacuer toute arrière-pensée économique. Il reste difficile cependant d'oublier que le président français avait déroulé, dans un passé très récent, le tapis rouge au «dictateur» libyen, en visite à Paris. La cause est entendue. Il s'agit de rafler plus que jamais des contrats. D'ailleurs, pour faire taire les critiques, Sarkozy avait brandi, lors de la visite de Kadhafi en France, l'argument imparable du business. En effet, la France traverse aujourd'hui une crise économique sans précédent. Avant de partir, Nicolas Sarkozy n'a pas manqué de réitérer à ses interlocuteurs du CNT la nécessité de se débarrasser coûte que coûte du dirigeant libyen, qui pour lui reste «un danger». «Vous avez un travail à terminer», leur a-t-il ordonné. Ce qui accrédite véritablement l'idée d'un conflit personnel. On se souvient à ce sujet que Seïf el-Islam Kadhafi avait déclaré que son père avait financé la campagne électorale de Sarkozy en 2007 et qu'il disposait pour cela de toutes les preuves matérielles. Au-delà des visées économiques et énergétiques de la croisade de Sarkozy en Libye, il est réellement à se demander si cet acharnement n'a pas de relation avec les scandales de la françafrique qui continuent à éclabousser la classe politique française. On se rappelle ainsi des Bokassa et des Mobutu, des dictateurs sanguinaires qui avaient trouvé refuge dans la patrie des droits de l'homme qui peut s'avérer, selon ses dirigeants, parfois très ingrate.