Les habitués du salon international du livre d'Alger (SILA), dont la 16e édition entame sa deuxième semaine, ont sûrement dû constater les prix élevés des livres, comparés à ceux affichés l'année précédente, mais quelques promotions intéressantes ont dissipé leurs craintes de ne pouvoir assouvir complètement leur soif de lecture. Les raisons de cette hausse sont diverses, certains l'attribuant à la flambée des prix du papier, d'autres les mettant sur le dos de l'éditeur ou en incriminant les droits dus aux auteurs. Mais ce qui est sûr, c'est que la chute relative de la valeur du dinar algérien y est aussi pour quelque chose, selon des spécialistes. La particularité du SILA a toujours résidé dans le fait qu'il présentait d'importantes publications à des prix abordables comparés à ceux proposés par les libraires, ce qui n'a pas été au rendez-vous cette année, à en croire un grand nombre de visiteurs. «Les prix ne sont pas spécialement avantageux, il est impossible de toucher par exemple aux livres scientifiques spécialisés», nous confie Kahina, étudiante, en dernière année de médecine. «Un étudiant boursier ne peut se permettre d'acheter un livre à 9 000 DA», renchérit-elle. Pour tenter de lever le voile sur cette situation, Samir Hirèche, gérant de la maison Dar El kheima du livre, spécialisé dans l'importation et la distribution du livre scientifique, explique à l'APS que le «prix du livre est déterminé par l'éditeur et non pas par l'importateur» et qu'il peut dépendre, dans certains cas, du nombre d'exemplaires importés : plus l'ouvrage est rare, plus le nombre est limité, plus le prix est élevé. «La marge bénéficiaire (autorisée) ne dépasse guère le taux moyen de 20% du prix d'achat du livre», poursuit-il. De bonnes occasions tout de même Mais en dépit de la cherté des prix, l'acheteur peut toujours tomber sur de bonnes occasions grâce aux réductions proposées par bon nombre de maisons d'édition, y compris les grands classiques de la littérature universelle. Le livre pour enfant profite, lui aussi, de ces réductions malgré le fait qu'il soit proposé, à la base, à des prix très raisonnables oscillant entre 25 et 350 DA. «Le tarif du livre pour enfants est fixé principalement par rapport à la qualité du papier et au contenu proposé», explique Abderrahmane Salhi, responsable des exportations et des salons internationaux au niveau de la maison d'édition La bibliothèque verte. «Les prix ne sont pas très élevés comparés à leur qualité. J'ai trouvé des manuels intéressants pour ma fille qui est en préscolaire et je ne les trouve pas chers», souligne Fatiha, mère de deux enfants. Les réductions ne se limitent pas aux livres universitaires et ceux pour enfants mais touchent aussi le livre religieux qui enregistre pourtant des records de vente, au point de connaître des ruptures de stocks dans la plupart des stands. Les exposants ont pensé également aux ménagères qui ne peuvent se permettre de débourser de grandes sommes d'argent, en leur proposant des livres de cuisine plutôt bon marché. «Six livres à 400 DA, voilà une occasion à ne pas rater», confie Saïda, toute contente de la «bonne affaire» qu'elle vient de réaliser. Les stands proposant des dictionnaires et des manuels d'initiation aux langues étrangères connaissent une affluence considérable, ce qui démontre l'intérêt que porte le citoyen algérien aux langues étrangères, mais les prix affichés ne sont pas spécialement encourageants. «On ne peut trouver mieux que les maisons d'édition présentes pour apprendre les langues vivantes mais les prix ne sont pas vraiment à la portée de tous», souligne un visiteur. Le directeur de la distribution à la maison d'édition égyptienne Dar Al Chourouk, Mohamed Khidhr, a voulu, lui, se montrer quelque peu positif par ces termes : «Le salon entame sa 8e journée et malgré des prix élevés, le visiteur ne sort presque jamais les mains vides, ce qui montre que l'Algérien reste l'un des plus grands lecteurs du monde arabe».