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Dix “banalités” sur le Sila
La maturité, non merci !
Publié dans Liberté le 10 - 11 - 2008

La 13e édition du Salon international du livre d'Alger a clos ses portes jeudi dernier. Les livres emballés, les éditeurs repartis et en attendant le bilan des organisateurs, petit arrêt sur quelques évidences à propos de la plus populaire des manifestations culturelles de l'année. Un bréviaire en dix “banalités”.
ll Banalité numéro 1 : Le Salon a été moins “foire” que l'année passée. Il faut rendre justice aux organisateurs. La décision de réserver cette édition aux éditeurs et à leurs représentants a porté ses fruits. Le zèle des douaniers, ultraprésents cette année et décidés à empêcher toute sortie frauduleuse de marchandise, a fait le reste. Moins de cartons, des stands moins encombrés, une impression de chaos contrôlée, bref, plus de plaisir.
2- Les prix institués par le Sila sont une excellente initiative, notamment ceux concernant le roman jeunesse, en amazigh ou celui consacré au patrimoine, genres qui gagnent à être mis en valeur. Le caractère moins crucial de la littérature – il existe au moins 4 autres prix nationaux – devrait en revanche autoriser le jury à un peu plus d'audace dans ses choix, à défaut d'impertinence. Cette année, le prix du meilleur roman a distingué deux auteurs, Waciny Laredj et Maïssa Bey, déjà largement consacrés par ailleurs. Espérons qu'il ne s'agit là que d'un penchant temporaire, habituel dans les premières remises de prix. Il faut bien se forger un palmarès…
3- Les auteurs et les éditeurs nationaux ont fait leur travail. Plutôt bien. De très nombreux romanciers, essayistes et écrivains sont venus à la rencontre de leur public, et la majorité des séances de vente-dédicace se sont passées dans une ambiance animée (cf. Amine Zaoui ou le cheikh syrien Wahab Zahili). Quelques stars ont brillé par leur absence, mais c'est comme cela tous les ans. Les maisons d'édition ont également fait des efforts sur leurs stands pour les rendre plus visibles, plus attirants, mais ceux situés en face des Scouts musulmans algériens ont eu beau faire, la sono était trop forte. On connaît désormais le plus mauvais emplacement du Salon…
4- La décision de limiter les quantités pour augmenter la diversité des titres a joué, mais pas toujours dans le bon sens. Comme prévu, les ouvrages importés les plus populaires, notamment dans les catégories universitaires, dictionnaires, ouvrages pratiques et livres de poche, se sont envolés dès les premiers jours. Les fonds de catalogue ont mis un peu plus de temps à être écoulés, mais certains stands se sont complètement vidés bien avant la fin du Salon (Interforum ou Robert), imprimant une atmosphère de désolation inédite, surtout à la fin de la semaine dernière.
5- Les faits sont têtus. Les goûts des Algériens aussi. La plupart d'entre eux privilégient encore une vision utilitaire mais désintéressée du livre. Les ouvrages parascolaires, religieux, les dictionnaires, les livres pour enfants, les manuels universitaires ont été encore une fois en tête des ventes. Bonne nouvelle, les éditeurs nationaux de littérature ont enregistré un “frémissement” encourageant sur le roman et les recueils de nouvelles. Tout au fond du classement, bien sûr, Boualem Sansal, son ami Salim Bachi, quelques auteurs de la Découverte, et un paquet de théoriciens salafistes…
6- La censure est une et intolérable. Mais cette affirmation, indispensable, ne suffit pas. Car si la censure porte un tort considérable au Salon, ce tort rejaillit plus largement sur toute l'édition nationale. De très nombreuses maisons étrangères (23 pays sont représentés) y sont soumises directement et répercutent dans leur pays une image peu enviable du nôtre.
Qui plus est, particularité locale, cette censure ne s'exerce pas “rationnellement” : les comités de lecture, aux effectifs réduits, décident du destin d'un livre sur la base de son titre (120 000 pour cette édition), du nom de l'auteur et de l'éditeur. Et rien d'autre ! Conséquence immédiate, une impression de foudre qui tombe au hasard, des descentes et des fermetures de stand en plein Salon, des ouvrages scientifiques ou totalement inoffensifs à l'index, quelques habitués comme l'ultraréactionnaire Ibn Taymia ou le talentueux Boualem Sansal et un “précédent Bachi” qui donnera désormais son nom à tout roman interdit en français, mais autorisé, voire mieux, cofinancé par les pouvoirs publics, en arabe… Comble, d'autres ouvrages remarquables ont été bloqués alors même que leurs auteurs faisaient partie des têtes d'affiche invitées des conférences organisées juste en face, sous le chapiteau blanc. L'éminent intellectuel tunisien Youcef Seddik dut faire sa causerie sans son sujet, alors que le Sud-Africain Mandla Langa, ancien conseiller culturel de Nelson Mandela et représentant du pays hôte du Sila vu répondre fermement : “Vous pouvez entrer, mais vos livres non !”
Dans cette affaire, le ridicule l'a disputé à l'insupportable, et si ce Salon se veut encore vitrine internationale, il a intérêt à vite envoyer les laveurs de carreaux.
7- Qui dit Salon professionnel dit rencontre entre professionnels. Or, les maisons d'édition étrangères envoient au mieux des commerciaux à Alger et le plus souvent se font représenter par des libraires locaux. Les éditeurs et auteurs algériens ne retrouvent pas face à eux leurs collègues de Dar El Saki, Gallimard ou Actes Sud. Donc, pas d'échanges entre éditeurs, pas de vente de droits, peu de projets communs. Les rares professionnels algériens qui tentent des expériences de coédition ont dû aller rencontrer leur confrères dans les Salons étrangers. Donc, pas très professionnel. Toujours dans le même domaine, les représentants des maisons françaises, à la différence de leurs collègues de Beyrouth ou du Caire, ont exposé un nombre impressionnant… de classiques, ceux-là même qui sont disponibles en librairie toute l'année à des prix corrects. Peu ou pas de nouveautés et surtout très peu de romans. Les éditeurs étrangers, premiers à crier à “la foire”, ont aussi leur part d'efforts à faire.
8- Les activités parallèles au Salon sont surabondantes, bien abritées mais mal desservies et ont donné lieu à un grand cafouillage durant les premiers jours : déprogrammations, invités absents, etc. Le programme culturel très dense — une cinquantaine de conférences — et désordonné en vient finalement à parasiter un peu le Salon. Dans le même ordre d'idées, le colloque “Orient-Occident”, de très haut niveau avec ses invités prestigieux, aurait pu être coupé en deux jours au lieu de cette rafale de communications — 4 en 5 heures — et que des poids lourds, Corm, Courbage, Gresh, Boniface et Chérif en modérateurs. Et délocalisé du Hilton vers les grands amphis de la fac la plus proche, par exemple. Histoire de l'ouvrir au plus large public estudiantin, au lieu de cette petite assistance d'une centaine de personnes triées sur le volet. Un entre soi de bon ton, mais pas très utile finalement.
9- Le Salon est définitivement trop long. Onze jours cette année, contre une durée bien inférieure pour les manifestations du même type : le Salon de Paris dure 6 jours, celui de Francfort 5, celui de Montréal 6, comme Genève et Barcelone. Le Sila, désormais pérenne et populaire, gagnerait à être raccourci, à densifier ses activités à destination du public autour du week-end et à réserver les autres jours à des tables rondes entre professionnels. En gagnant en efficacité, en réduisant l'“effet d'aubaine”, cette manifestation pénaliserait moins les librairies encore trop peu nombreuses du pays.
Après le chaos de 2006 et de 2007, cette 13e édition a incontestablement montré des signes encourageants. Les organisateurs, l'agence de communication publique Anep, les représentants des éditeurs et libraires nationaux Snel et Aslia doivent continuer à “resserrer” le Sila sur ses fondamentaux, à savoir réunir auteurs, lecteurs, éditeurs de tous les horizons possibles dans une fête internationale du livre. Mais comme le soulignent nombre de confrères, le chemin est encore long et il passe par une abolition de la censure, totalement improbable à court terme. On se surprend donc à espérer que cette édition ne soit pas celle de “la maturité”. Juste celle d'un nouveau départ. Ce sera là, la dixième et dernière “banalité” sur le Sila 2008. À l'année prochaine !
Rachid Alik


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