Les prix pratiqués au niveau du 8e Salon du livre ont quelque peu éclipsé, la richesse réelle de cette exposition. L'importante foule qui a déferlé, hier, au Salon international du livre dans sa 4e journée, a été désabusée par les prix excessivement élevés des livres exposés en dépit de leur abondance et leur diversité. En effet, à voir les visages des visiteurs, leur réaction n'en est que plus évidente. Beaucoup sont venus s'enquérir des nouveautés de cette année. Cette quatrième journée du 8e Sila coïncide justement avec la rentrée scolaire et universitaire (2003-2004). Les 450 maisons d'édition participantes ont, en effet, favorisé les publications traitant de ce secteur indiquant par-là l'intérêt qu'elles portent au livre scolaire en forte évolution. «Le retour du Salon international du livre est un grand défi que nous nous sommes imposés», a déclaré M.Abdelkader Khomri, président du Comité d'organisation du Salon international du livre d'Alger, lors de son inauguration le 18 septembre dernier par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Selon une étude comparative effectuée par les responsables et organisateurs de ce Salon, le nombre des maisons d'édition s'élève à 450 dont 376 sont venues de dix pays arabes et six occidentaux. Les étals, bien achalandés, attirent de plus en plus de citoyens à la recherche de nouveautés. Cependant, ces derniers sont rebutés par les prix affichés. Une universitaire dit à ce propos: «Malgré les réductions annoncées par de nombreux éditeurs, je pense que les prix des livres sont excessivement élevés.» Un chercheur de l'Université des sciences et de la technologie de Bab Ezzouar contemplant de près des ouvrages scientifiques spécialisés nous confie: «Je suis un habitué des foires du livre, et franchement je constate des améliorations apportées au 8e Salon international du livre. Cependant, les prix des ouvrages scientifiques spécialisés restent inaccessibles. Le faible pouvoir d'achat du citoyen l'empêche de consommer cette nourriture spirituelle des plus alléchantes. Nous avons remarqué que les plus grands acheteurs sont encore les libraires...» Effectivement, les livres dont les prix sont exorbitants pour le lectorat algérien sont ceux qui touchent les divers secteurs d'activité tels que les sciences, l'histoire, la politique ainsi que la religion. A titre d'exemple, le prix d'un petit roman ou un conte pour enfants est fixé à 190 DA, un dictionnaire d'anglais «Longman» ou «Harrap's» coûte 1850 DA, une oeuvre de Victor Hugo, de Honoré de Balzac ou d'un écrivain classique est vendue à 700 DA. Toutefois, il faut rappeler que le livre est le vecteur essentiel de tout progrès d'où la nécessité pour les pouvoirs publics de se pencher sérieusement sur une situation qui demande un soutien plus ferme tant en aval qu'en amont de sa production. Car tout compte fait, le 8e Sila aura surtout mis en exergue des prix surréalistes, peu en rapport avec les besoins et les moyens du citoyen algérien.