Le Salon international du livre d'Alger a fermé ses portes hier, après une dizaine de jours pleins d'enseignements pour les organisateurs et de découvertes pour le public. Après dix jours de festivité culturelle et commerciale, la 11e édition du Salon du livre d'Alger Sila, a baissé rideau hier. C'est l'heure des bilans. Les organisateurs devraient, sans doute, tirer quelques enseignements de cette 11e édition. Alors, quel bilan peut-on dresser? Commençons d'abord par les nouveautés. Aussi bien les professionnels que le large public, ont constaté que le Sila a enregistré une remarquable amélioration au fil des éditions en matière de nouveautés. Les visiteurs y trouvent tous les genres de lecture. C'est-à-dire que cette édition a brassé large en tentant de toucher à tous les domaines. Histoire, religion, sciences, langues et préscolaire, les amateurs de lecture avaient l'embarras du choix. A préciser aussi l'extension de la superficie réservée à l'exposition. Il faut, néanmoins, relever que quelques maisons d'édition n'ont pas respecté la date de publication des ouvrages qui ne devait pas dépasser 5 ans. «On déplore le non-respect par certains exposants, du règlement du Sila, notamment la date de publication des ouvrages qui ne doit pas dépasser 5 ans», a indiqué le président du Syndicat national des éditeurs de livres (Snel), M.Mohamed Tahar Guerfi. Cet espace a offert au large public, qui vient pour voir les nouveautés en matière d'ouvrages, une opportunité de participer à des débats en rapport avec le monde de la littérature algérienne, arabe et occidentale. Notons sur ce point, le non-respect du programme des rencontres. Sid-Ali Sekheri, vice-président de l'Aslia, également un des animateurs de l'espace littéraire, a reconnu cet état de fait. Dans une déclaration à l'APS, il a indiqué «ne pas être totalement satisfait en raison des légères modifications du programme liées à des imprévus comme le désistement à la dernière minute de certaines personnalités.» Egalement, cette nouvelle édition a été un espace d'expositions rehaussé, en premier lieu, par l'organisation d'une série de rencontres littéraires dans le cadre de l'espace culturel Café littéraire. Organisé par l'association des libraires algériens (Aslia), plusieurs thèmes y ont été abordés. Le Café littéraire était un carrefour pour le public lui permettant d'échanger des idées avec plusieurs personnalités algériennes et étrangères de renom du monde littéraire, à l'instar des écrivains Waciny Laâredj, Yasmina Khadra, Tahar Ouatar, Maïssa Bey, Younis Tawfik (Irak), Bassem Barakat (Liban) et Henryette Walter (France). S'agissant des thèmes abordés, il a été souligné qu'ils étaient choisis par les libraires en contact direct et simultané avec les auteurs et le lectorat. Dans le même contexte, le stand Anep a organisé tout au long de ce Salon, des conférences-hommages à la mémoire des écrivains, journalistes et chanteurs, à l'image de Malek Haddad, Tahar Djaout et Athmane Bali, chanteur de tindi. Côté visiteurs, outre les matinées des journées de semaine où l'affluence était moins nombreuse, le Sila a connu un grand rush lors des journées fériées comme le 1er novembre et les week-ends. D'abord les parkings étaient archi-combles, des centaines de personnes se serraient les coudes devant l'entrée des pavillons. Une fois à l'intérieur, on ne trouve pas d'espace pour consulter les ouvrages. Mais, à souligner que consulter ne veut pas automatiquement dire acheter. Les visiteurs ont estimé que les prix étaient hors de portée. Selon eux, la majorité des livres exposés coûtaient trop cher dont certains à des prix prohibitifs, d'autant, soulignent-ils, que le Salon intervient juste après le mois de Ramadhan et la fête de l'Aïd, connus pour les grandes dépenses qu'ils induisent. «On sent qu'il y une nette amélioration en termes de livres exposés. On a touché à tous les sujets, mais je trouve que le but de cette exposition est la vente, or les prix affichés avaient de quoi décourager plus d'un...», a témoigné Mohamed, 42 ans, fonctionnaire. Abordant ce point et notamment l'absence de soldes qui entrent de plain-pied avec de tels Salons, M.Guerfi a indiqué que de telles «réductions oscillant habituellement entre 15 et 20% dans pareilles manifestations sont facultatives et non obligatoires». Sur les quelques lacunes soulevées par les exposants, notamment, M.Guerfi s'est contenté de souligner l'engagement des organisateurs à apporter des améliorations à chaque édition du Sila. Par ailleurs, les organisateurs, de leur côté, estiment que le Salon international du livre d'Alger ne cesse d'enregistrer des améliorations appréciables. Intervenant jeudi dernier, en marge du Sila, le président du Syndicat national des éditeurs de livres (Snel), M.Mohamed Tahar Guerfi, a dressé un tableau on ne peut plus positif de la dernière édition du Salon du livre. Chiffres à l'appui, M.Guerfi a rappelé que dans sa 11e version, le Sila a drainé un nombre important d'exposants. Ainsi, comparativement aux années précédentes, la 11e édition du Salon du livre a vu la participation de près de 700 éditeurs dont 120 éditeurs et distributeurs locaux, contre seulement 57 lors de la dernière édition. Aussi, pour cette présente édition, et vu l'affluence qui va grandissante, les organisateurs n'ont trouvé mieux que d'étendre l'espace réservé à l'exposition. Rappelons que pour les précédents salons, la Safex ne réservait au Salon du livre que deux pavillons, alors que pour cette nouvelle édition, ce nombre a presque doublé. Cette extension, indique M.Guerfi, a permis de «remédier à l'exiguïté habituelle» des locaux consacrés au Salon, «les visiteurs ont pu se déplacer avec une plus grande fluidité et parvenir facilement à assouvir leur soif livresque en puisant dans un fonds de 80.000 titres». Il est maintenant vrai que, comparativement aux autres Salons internationaux du livre, le nombre de bouquins exposés dans ce Sila est en deçà de la demande, néanmoins le Salon d'Alger a tout de même le mérite de permettre aux Algériens de renouer avec les événements culturels d'envergure mondiale. Notamment, après une décennie noire qui a assené un coup fatal à la majorité des secteurs dans notre pays. Et celui de la culture n'est pas en reste dans cette tragédie durement subie par les Algériens. En outre, ce qui retient l'attention dans ce salon, c'est l'absence de livres fraîchement mis sur le marché. Il ne s'agit ici nullement de livres édités en Algérie, mais ceux publiés ailleurs. La représentante des éditions Gallimard, Mme Terrar a, en ce sens, déploré cette lacune. D'autant que «les visiteurs qui se présentent à notre stand ne demandent que des nouveautés». La représentante de ladite maison d'édition a cité, à titre d'exemple, le roman Les Bienveillantes du prix Goncourt 2006, de l'Américain Jonathan Littell. «Ce roman, vu la campagne médiatique dont il a bénéficié en France, est le plus demandé chez nous, bien sûr aux côtés des livres jeunesse.» Par ailleurs, si dans l'espace francophone la demande va croissante sur les nouveautés, cela n'a pas été le cas dans le pavillon central. A ce niveau, la demande est beaucoup plus axée sur le livre religieux. Le président du Syndicat national des éditeurs de livres (Snel), M.Mohamed Tahar Guerfi, a indiqué, à cet effet, que «le livre religieux, qui enregistre une forte affluence, a sa place au même titre que les autres livres, mais les organisateurs, notamment la Commission de contrôle qui compte des représentants de plusieurs ministères, devraient veiller à prévenir l'exposition d'ouvrages subversifs». Il faut rappeler que cette commission a interdit l'exposition de plus de 500 titres avant l'ouverture du Sila. En dépit de la vigilance de cette commission, il n'en demeure pas moins que certains ouvrages, dont le contenu est estimé dangereux, ont échappé au contrôle. Nous citons dans ce contexte le livre Craignez Dieu, préservez l'Egypte, écrit par Sayed Ben Hosseïn paru aux éditions El Aquida. Ce livre, faut-il le rappeler, a provoqué un tollé, car il contient des informations affranchissant le terrorisme des massacres perpétrés en Algérie. Interrogé sur cette affaire, le président du Snel a indiqué que «pareille erreur peut survenir dans tout Salon, car la Commission de contrôle ne s'enquit pas du contenu de l'ensemble des ouvrages, d'autant que le livre incriminé paraît, selon son titre et certains de ses passages, loin de tout soupçon». M.Guerfi a expliqué que «la commission visite les stands et saisit tout ouvrage qu'elle juge inacceptable».