Organisé dans le cadre du 16e Salon international du livre d'Alger, le Colloque international intitulé «Le monde arabe en ébullition : révoltes ou révolutions ?» s'est ouvert hier, à Alger, en présence d'un grand nombre d'intellectuels, venus apporter des éclairages scientifiques et académiques sur la question des révoltes dans le monde arabe. Lors de cette inauguration, la ministre de Culture, Mme Khalida Toumi, a émis le souhait de voir «le printemps des peuples» profiter aux peuples eux-mêmes et non à une «horde d'affairistes». «Je souhaite ardemment que le printemps des peuples soit vraiment le printemps des peuples et non celui d'une horde d'affairistes qui remplissent actuellement leurs bons de commande pour venir reconstruite ce que leurs armadas ont détruit», a -t-elle déclaré, ajoutant que le «maître-mot» aujourd'hui devrait être «vigilance», à la fois sur le front intérieur «pour ne plus jamais reproduire les dévastatrices expériences que nous avons connues» et également sur le front extérieur, «dont il faut prendre très au sérieux les menaçantes menées de reconquête. La ministre de la Culture a estimé, lors de son intervention, que ce qui se passe dans le monde arabe est «gorgé» de promesses mais, aussi de «vents mauvais». «En surdimensionnant ce mouvement, ne cherche-t-on pas, quelque part, en Occident, surtout, à faire croire que le monde arabe est (...) comme la Belle au bois dormant, la partie assoupie de la marche de l'humanité ?», s'est interrogée Mme Toumi. La ministre a, par ailleurs, relevé que «pour une fois, le fait religieux ou ethnique n'est pas déterminant», mettant l'accent sur la nécessité de «faire preuve de clairvoyance et de talent dans le diagnostic de chaque cas pour assurer la meilleure cohérence possible à la marche générale». Abordant la question de la Palestine, qu'elle qualifie de «question arabe centrale», Khalida Toumi s'est demandée qu'elle était sa place dans le printemps arabe ? Concernant le colloque, organisé en partenariat avec l'Ecole nationale supérieure des sciences politiques, elle a noté qu'il s'agit d'une rencontre «académique libre dans son expression de toute contrainte politique», se disant «convaincue que le très haut profil des intervenants représente une garantie patente de la qualité des débats et des analyses, lesquelles offriront des clefs de lecture pertinente». Les communications traiteront, entre autres, de la lecture analytique et des perspectives des révolutions arabes, les armées arabes et les transitions démocratiques, le contexte stratégique et les incidences politiques en cours. Hier, plusieurs intervenants ont présenté leurs communications. L'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi a été le premier à intervenir, dans un exposé intitulé «Le monde arabe en ébullition : fractures et continuités à travers l'histoire contemporaine».