L'annonce par l'opposant syrien installé en France, Burhan Ghalioune, de la formation du Conseil national syrien (CNS) à partir de la capitale turque, marque une nouvelle étape dans la crise syrienne. Cela d'autant plus que cette annonce intervient à quelques jours du début du dialogue inter-syrien sur les réformes politiques annoncées par Damas. Si l'opposition syrienne est arrivée à former son CNS après un long marathon de discussions et de tractations entre les leaders de courants politiques la composant, les contradictions en son sein et le cours des évènements seront sans aucun doute les points phares de la nouvelle étape qu'entame la crise syrienne. Sur la scène syrienne, les acteurs politiques dont ceux de l'opposition qui ne s'est pas inscrite sur la voie de la formation du CNS ont entamé le dialogue avec le gouvernement pour l'examen des composantes politiques, économiques et sociales des réformes proposées par le président syrien. Dans la déclaration lue par Burhan Ghalioune dimanche, «le CNS rejette toute ingérence extérieure qui porte atteinte à la souveraineté du peuple syrien», évoquant sans doute le précédent libyen qui, par l'intervention de l'Otan via la résolution 1973 du Conseil de sécurité, a ouvert la voie à l'ingérence sous couvert humanitaire. Pour bon nombre d'observateurs, si la crise syrienne fait l'objet de campagnes polico-médiatiques intenses acculant le régime syrien, cela est en fait un des outils promis pour accelerer «la chute» du régime ou «amener des changements dans ses positions politiques». Par ailleurs bon nombre de délégations de parlementaires, de journalistes et d'associations des droits de l'homme qui se sont rendus en Syrie ont témoigné sur la réalité de la crise syrienne autre que ce qui est porté par des médias occidentaux ou arabes, dont Al Jazeera. A ce propos, une délégation d'Ukraine, comptant 23 députés et journalistes, est en visite, depuis hier, en Syrie pour une durée de quatre jours. Les journalistes ont indiqué que leur mission intervient parce qu'«ils recevaient des informations étranges et vagues en Ukraine via Youtube». La Syrie est secouée pour rappel par un mouvement de contestation du régime de Bachar El-Assad depuis plus de six mois, dont les réformes politiques en cours annoncées par le président syrien n'ont pas été pour satisfaire des capitales occidentales et certains courants politiques de l'opposition dont le courant islamiste. Par ailleurs, si le CNS met en avant la démission du président syrien, il est à rappeler que Washington et l'Union européenne ont dès le début de la crise exigé son départ. Ce qui s'est traduit par la suite par des sanctions adoptées à l'encontre de Damas, dont les plus récentes sont celles de l'Union européenne, après avoir souligné à l'opposition syrienne à l'extérieur de «se rassembler et de dépasser ses divergences». Des sanctions économiques et financières qui, pour la première fois, ont touché des secteurs ne dépendant pas du régime, pour ne citer que la chaîne privée syrienne Dounia TV. Une privation d'émettre dans l'espace européen, du simple fait que son traitement journalistique de la crise syrienne est «différent» de ce qui se fait par d'autres depuis le début de la crise en mars dernier. L'opposition représentée par le CNS formé à Istanbul, tout en réclamant le départ de Bachar El-Assad, fait fi des divergences de fond contenues pour le moment au profit de l'objectif précité. Il en a été de même pour le CNT libyen qui, depuis la chute de Tripoli, voit les divergences contenues au début de la crise libyenne, en février, surgir et se manifester. Le report de la formation du gouvernement libyen, l'intervention de l'Otan, la mainmise militaire et politique du courant islamiste pèsent sur l'avenir de la Libye à court et moyen termes. La crise syrienne tend à s'inscrire dans la durée et sera loin d'être sans impact sur la région, voire sur les rapports internationaux.