Les opposants au régime syrien se sont réunis hier à Istanbul, une nouvelle fois pour aplanir leurs différences et booster les voies à même de leur permettre de peser davantage sur le cours des événements marquant la Syrie depuis la mi-mars. La crise syrienne qui entame son cinquième mois semble entamer une nouvelle étape dans le cours de sa gestion sur le plan interne ou dans sa gestion par des acteurs étrangers, principalement Washington et l'Union européenne. Cela d'autant plus que la décision irréversible prise par Moscou et Pékin, s'opposant à tout traitement par la conseil de sécurité de la crise syrienne écarte l'éventualité de toute intervention étrangère, à l'exemple de la libye. Pour Moscou, «nous sommes contre cette résolution, et nous soutenons en principe le début du dialogue politique interne en Syrie», a déclaré M. Lavrov, en visite récemment à Washington. Soulignant par la même occasion que «le président (Bachar) El-Assad doit concrétiser un programme de réformes politiques qu'il avait annoncées auparavant», en insistant auprès de l'opposition syrienne sur la nécessité «de cesser de provoquer des tensions et des affrontements» en Syrie. Depuis le début de la contestation à Draa, à la mi-mars, les manifestants protestaient pour rappel contre la corruption en exigeant plus de justice sociale et d'ouverture démocratique. Ce qui a été à l'origine de mesures annoncées par le président syrien, dont la levée de l'état d'urgence, des mesures d'ordre socio-économique et l'amorce du dialogue national. Par ailleurs, même si l'opposition syrienne installée à l'étranger a tenu un discours en direction de la scène syrienne, bon nombre d'observateurs ont depuis relevé que le discours à l'extérieur n'a que «très peu d'impact à l'intérieur du pays», selon une étude réalisé par une chercheuse française. Ce qui semble significatif, voire même révélateur sur une majorité syrienne qui espèrent des réformes, promue par des acteurs syriens attachés à la souveraineté du pays et hostiles à toute ingérence étrangère, d'où qu'elle vienne. Ce qui semble être l'une des leçons tirées de l'intervention de l'Otan en Libye, suite à l'adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité et, de surcroît, les expériences vécus par le peuple syrien sur fond de la situation géopolitique spécifique à la Syrie. Cela étant même si la situation reste tendue dans certaines villes syriennes, le dialogue inter-Syriens lancée dernièrement semble être la voie par laquelle la classe politique syrienne, dont une partie de l'opposition compte mener les réformes escomptées. Cela étant si l'autre partie de l'opposition syrienne installée à l'étranger s'est réunie, hier, à Istanbul, cette rencontre se veut plus en direction des acteurs occidentaux. Un texte a, en effet, été adopté à l'issue de ladite rencontre, qui appelle à «l'unité nationale et à l'unité des opposants», qui semble être plus en direction des Occidentaux que de l'opinion syrienne. A ce propos, ces derniers semblent d'ores et déjà prendre une nouvelle voie dans leur gestion de la crise syrienne, notamment l'adoption de nouvelles sanctions contre Damas. Le déplacement de l'ambassadeur américain à Hama puis celui de l'ambassadeur français a été le point marquant la nouvelle phase dans les relations entre ces deux pays et Damas. Devant l'impossibilité d'actionner le Conseil de sécurité de l'ONU, l'attachement des Syriens à leur souveraineté nationale, via la table du dialogue inter-syrien, le rôle limité de la Turquie sur la scène syrienne sur fond de la position précitée de Moscou, la Syrie revient de loin. Dans un futur proche, il sera certainement question de discours de Washington et de Paris appelant à ouvrir de nouvelles voies de dialogue avec Damas, dont la donne géopolitique demeure de mise. Par ailleurs, si la majorité des Syriens affichent son attachement aux réformes politiques et socioéconomiques engagées depuis le début de la contestation et toujours en cours, bon nombre d'experts prévoient la fin de la crise et de ses effets avant la fin de l'année en cours.