L'instabilité, l'insécurité et l'incertitude s'installent désormais en Syrie. C'est le voisin turc qui donne le coup de grâce au régime syrien. Il lui plante la banderille en facilitant à l'opposition syrienne la création de l'équivalent syrien du CNT libyen, le CNS, c'est-à-dire le Conseil national syrien. La Turquie avait tout fait pour convaincre le président syrien d'aller vers des réformes politiques et à une solution politique, en vain. A la différence du cas libyen, il n'y a pas eu un autre BHL en Syrie, l'initiative étant proprement syrienne. Le président provisoire du CNS ainsi que son porte-parole sont des chercheurs hautement connus et consacrés avec une indépendance de réflexion. Dans leur première déclaration, ils ont tenu à rejeter toute ingérence étrangère. Ils ne se sont donc pas précipités à appeler au secours militaire de puissances étrangères ou de l'Otan pour bombarder leur pays. Pour le moment, ils s'en tiennent à des initiatives syriennes. Ils n'ont pas fourni aux armées américaines (ou occidentales) l'opportunité de faire des essais grandeur nature de matériels sophistiqués jamais encore essayés au lieu de les envoyer à la casse sans qu'ils ne servent à des tests destinés à améliorer les matériels qui vont les remplacer en stock. Le président Al-Assad avait raté l'opportunité de faire des réformes politiques en réponse aux appels extérieurs. Il semble que, maintenant, ce soit trop tard. Il ne dispose plus de marge de manœuvre tandis que son pays risque de s'enfoncer dans la guerre civile. Le processus devant mener au chaos est amorcé. Il sera alimenté par une quelconque résolution du Conseil de sécurité qui ne sera pas pratiquement contraignante pour éviter le veto russe, mais dont le contenu sera interprété différemment et justifiera toute interprétation, même celle de lui faire subir l'exemple de la Libye.