Que de romans, recueils de poésies, essais pédagogiques ou philosophiques ont traité de ce thème considéré comme un passage obligé vers une meilleure analyse des mentalités en société ! On n'a pas besoin de donner des orientations de lecture pour ceux qui désirent en savoir plus tant les bibliographies spécialisées vous donnent des titres sensationnels. Maîtres et élèves ont vécu des situations enrichissantes pour les uns et les autres. L'enseignant doit faire l'effort de connaître ses apprenants, ces derniers ont aussi le devoir d'écouter celui dont la charge difficile est de transmettre un savoir et un savoir-faire. Lorsque les relations entre le maître et les élèves sont des relations conflictuelles, il convient de se remettre en question. Quelqu'un, féru de psychopédagogie, a défini l'enseignant comme celui qui est capable de se remettre en question à chaque instant. Pour établir un plan de travail sur la base des ouvrages lus, il a fallu aborder le domaine par thèmes. Une sévérité qui n'exclut pas la familiarité En réalité tous les excès nuisent. Si les relations sont fondées, entre enseignants et enseignés, sur la familiarité sans limitation, il n'y a plus de discipline, et le maître ne peut plus se faire respecter. L'excès de sévérité conduit également à un climat de tension où les élèves se dressent contre leur maître qu'ils considèrent alors comme un ennemi à abattre. «Le Petit Nicolas» de Sempé Goscinny (Ed Denoël 1969) est un récit écrit selon des procédés littéraires par lesquels l'auteur parvient à faire percevoir comme idyllique et inoffensive une classe d'enfants dits insupportables. Ils ont comme maîtresse une dame qui s'absente au point d'obliger le directeur à assurer une surveillance permanente de ce groupe pourtant capable de se discipliner par un adjoint de l'éducation surnommé «Bouillon». C'est un jeune qui s'est fait appeler ainsi par son attitude désagréable. A chaque fois que la maîtresse s'absente, il dit à ces élèves, probablement des petits : «Regardez-moi dans les yeux !», et d'après ces enfants, ce qu'ils voient quand ils le fixent des yeux : un bouillon. Dans cette œuvre admirablement écrite sous la forme de roman, les personnages sont des enfants en grande partie. Quant aux adultes, il s'agit du directeur, du surveillant appelé méchamment «Le Bouillon», de la maîtresse quand celle-ci n'est pas absente. C'est un livre à lire avec beaucoup de délectation tant il a été composé sur un ton humoristique, avec comme personnage principal un surveillant atypique, sans personnalité. Une fois, la classe était sens dessus dessous. La maîtresse étant absente, Le Bouillon a été appelé à la rescousse, mais vainement. Son vrai nom est Monsieur Dubon. Alors que la situation était anarchique, le directeur a fait irruption dans la salle et inconsciemment, il dit : «Que se passe-t-il, Le Bouillon? ». Immédiatement ce dernier qui se sentit déconsidéré, répondit : «Je ne sais plus Monsieur le directeur, il y en a un qui se roule par terre, un autre qui saigne du nez, le reste qui hurle ». Le lendemain, la maîtresse est revenue, mais Le Bouillon a manqué. Le directeur l'avait vexé en l'appelant «Le Bouillon». Une école où chacun vient pour apprendre Il n'y a rien de plus naturel que des élèves qui viennent pour écouter, mémoriser, essayer d'assimiler pour accumuler des connaissances, parce que tel est l'objectif du milieu lorsque celui-ci est conçu de manière à permettre au maître d'enseigner ce qu'il a de meilleur et aux élèves d'apprendre pour élever leur niveau. «Opopanax», un roman de Monique (Wittig – Ed Plon) qui a suscité l'admiration d'une pionnière du nouveau roman, Marguerite Duras. Celle-ci félicite l'auteur de s'être imposé une règle de fer : utiliser un matériau descriptif pur, user d'un langage objectif pur. L'histoire se passe dans une classe où chaque participant est présent pour apporter un plus à une œuvre noble : celle d'entraîner chacun vers le meilleur de lui-même. Une élève récite au tableau, une classe comme tant d'autres où il ne se passe rien, sauf qu'on est là, qu'on entend, qu'on voit, qu'on sent, qu'on songe, qu'on rêve, qu'on vit. Un cadre de vie scolaire choisi, par référence à la peinture de l'auteur, comme étant à l'inverse du premier. Tout ceci signifie que la classe n'est pas la même partout, que l'ambiance de travail dépend du comportement du maître, qu'on a tort d'accuser sans avoir fait une analyse approfondie des situations scolaires.