Qui aurait cru qu'un festival d'envergure élirait domicile à Béjaïa ? C'est enfin vrai, le père des arts a été conquis par le charme de la ville des petites bougies, ville de l'art, de la culture, de la lumière et des hommes libres… Elle recevra cet espace d'échange de créations et de convivialité et en fera un événement rassembleur réuni en une seule œuvre unique, de la forme parathéâtrale au griot en passant le goual, le conte, la marionnette, les masques aux formes les plus modernes. Quinze pays, 250 invités et dix jours de contact, d'échanges continus dans une ville où se mêlent déjà l'envie de créer et de partager, l'envie de savoir et d'informer, et qui a de tout temps cherché cet espace élargi et grandiose pour s'enrichir et s'améliorer. Si l'édition 2009 qui s'est tenue à Alger a consacré le théâtre africain sous la thématique «Théâtre africain entre modernité et tradition», Béjaïa, qui hérite une troisième édition, verra celle-ci sans sujet quelconque ni aucun fil conducteur, ouverte sur le monde, sur l'universel, avec pour seul ligne «le théâtre, le plaisir d'apprendre», mais aussi réussir l'événement et donner la meilleure image de l'Algérie. C'est une aubaine pour Béjaïa que d'abriter pareil événement qui s'étalera du 20 au 30 octobre conjointement avec les villes de Batna, Oran et Constantine, où les troupes se déplaceront en tournées. «Si le festival n'était pas venu à Béjaïa, on l'aurait apporté même en partie», dira Fetmouche Omar dans son allocution où il fera également acte de sa joie et ses dispositions à recevoir le festival. Brahim Noual, le commissaire, après avoir présenté l'équipe qui l'accompagnera à travers messieurs Khellaf, Bourekba, Fetmouche, Gaoua, Lamia, Sihame, Sofiane, M'hamed, Saïd Ramdane et Ziani, présentera les contours d'un programme - à enrichir - qui se projette sur les espaces de l'artistique de la formation, colloque, littérature et poésie, art de la parole, slam, narrations et enfin le cinéma et le théâtre. Treize conférences seront animées par d'éminents chercheurs de neuf pays. Cinquante jeunes bénéficieront d'une formation. Tous les espaces dont dispose la wilaya seront mis à contribution, aussi bien les salles, mais aussi tous les endroits mythiques et mystiques de cette ville historique ,à l'image du musée Bordj Moussa, la place Gueydon, le parc des Oliviers réservés à la grande parole autour des bougies. 19 spectacles à raison de deux par jour, où l'on retrouve pour l'Algérie, deux pour l'Irak, deux pour la Tunisie, un pour le Maroc, autant pour le Cameroun, Ghana, Bénin, Koweït, l'Egypte, le Soudan, la Palestine, la France, l'Allemagne et le Japon. Le festival est dédicacé exceptionnellement à José Samarago (décédé l'an dernier), Lahbib Sayeh, Hamadi Djezar, Kateb Yacine et Fayçal Kahmar, mais également un hommage à Habib Réda, Hacène El Meni, Kacem Mohamed, D. Malha Abdallah Mazhour, Ahmed Réda, un encouragement à Haroun El Kilani. Le festival a pris la doléance de Omar Fetmouche pour qu'un intérêt soit aussi accordé à Malek Bouguermouh qui aura une exposition spéciale. Il va sans dire que pareille manifestation bénéficiera de la mise en place de larges moyens pour sa réussite, et notamment du transport qui fera des navettes jusqu'aux fins des spectacles à des heures tardives. C'est du moins la promesse de «Baba Noual» qui déclare avoir impliqué le transport en son programme dont nous verrons sous peu la mouture finale. Bienvenue au festival dans la ville des festivals et que le théâtre dans toutes ses formes, ses langues, ses couleurs, ses interprétations trouve ici… sa scène.