Chauffés à blanc par des imams intégristes, des milliers de Tunisiens ont envahi les rues de la capitale après la prière du vendredi. Encadrées et dirigés par des salafistes et des militants islamistes, les foules déchaînées se sont ruées vers le siège du Premier ministère et le siège de la télévision Nessma. Sous les cris «Allah ou Akbar» Dieu est grand, les manifestants réclamaient l'instauration immédiate de la chari'a dans le pays et la fermeture de la chaîne de télévision «Nessma». Cette démonstration de force des islamistes intervient à quelques jours seulement de l'élection de l'assemblée constituante prévue le 23 octobre prochain. Des témoignages indiquent que dès la fin de la grande prière d'«El-Djemouaa», des centaines de fidèles en provenance de plusieurs mosquée de la capitale se sont retrouvés dans la rue avant de marcher vers le siège du premier ministère et la télévision privée «Nessma». En arrivant à proximité de la Casbah, ils furent empêchés par un cordon de police d'atteindre le siège du premier ministère. La foule qui a tenté de forcer les barrages de police a été repoussée à coups de gaz lacrymogènes. Les manifestants répliquèrent en arrosant les forces de police à l'aide de pierres et de cocktails Molotov. Cet état de fait a contraint la police anti-émeute de charger les manifestants à coups de matraques pour tenter de les disperser. Au même moment, plusieurs manifestants se sont dirigés vers le boulevard Mohamed V, en direction du siège de la télévision Nessma. La police intervient et prend en chasse les protestataires qui répliquèrent par des jets de pierres. Alors que les affrontements se poursuivaient, des centaines d'Islamistes ont profité pour se diriger vers la résidence du directeur de la station satellitaire. Sentant le danger, la famille du directeur a réussi à fuir de l'appartement avant l'arrivée de la foule. L'appartement du directeur a été entièrement saccagé et incendié par les assaillants. Le ministère de l'intérieur tunisien a indiqué qu'une centaine de personnes ont attaqué la résidence de M. Karoui, ils ont forcé la porte extérieure, cassé des vitres et arraché les tuyaux de gaz. La diffusion par la Tv Nessma TV d'un film d'animation franco-iranien n'est qu'un prétexte : un vent d'intégrisme souffle sur la Tunisie depuis le départ de Ben Ali, ont indiqué plusieurs témoins.