A l'occasion de la célébration de ses cinquante ans de carrière, le photographe algérien Ali Hefied, a choisi les cimaises du Centre culturel Aïssa-Messaoudi de la Radio algérienne pour accrocher ses photographies. Ali Hefied est un reporter photographe qui cumule une riche expérience dans l'univers de la photographie. En effet, il a débuté sa carrière de photographe en 1962. Il a eu l'immense opportunité de couvrir, durant une dizaine d'années, les événements politiques, culturels en Algérie et dans plusieurs villes africaines pour le compte de l'hebdomadaire Révolution Africaine, puis devient indépendant. Ses amitiés avec le dramaturge Abdelkader Alloula et les fondateurs de la peinture contemporaine algérienne Mohammed Khadda et M'Hamed Issiakhem ont incontestablement marqué sa photographie. De son amour pour l'art pictural et dramaturgique sont nées diverses œuvres, qui furent exposées à Alger, Oran, Tunis, Avignon et au Festival d'Arles. Ses photographies ornent, également, les murs du Musée national des Beaux-Arts d'Alger. Sa tendresse pour son pays, l'Algérie, est fortement présente dans ses clichés. La cinquantaine de photos qui sont exposées depuis mercredi dernier au Centre culturel Aïssa-Messaoudi de la Radio nationale donne un large aperçu du talent de ce photographe hors pair. Selon Ali Hefied, le but essentiel est justement de redonner «à chaque chose sa valeur dans un pays qui cherche à puiser dans son histoire : façon singulière de mieux amorcer l'avenir». Un avenir porteur de beaucoup d'espoir. Un tour d'horizon permet de redécouvrir des clichés révolus à jamais, dont entre autres de villes, de personnages mythiques du théâtre algérien ainsi que de paysages. Avec le talent qu'on lui reconnaît, il immortalise des séquences de vie dont lui seul détient le secret. Il est vrai que cette exposition peut se targuer de mettre en lumière certaines figures de proue du Théâtre algérien. Que ces personnages soient vivants ou décédés, Ali Hefied a su leur donner toute la mesure de leur talent. Parmi cette sélection d'hommes de théâtre algérien, on retrouve Abdelkader Alloula, Rouiched, Sid-Ali Kouiret, Sid Ahmed Agoumi, Sonia, Kelthoum, Fatiha Berbere. D'illustres personnages qu'il a côtoyés durant son parcours artistique. Des photos, dit-il, qui seront un legs pour la génération actuelle et future à la fois. Le photographe avoue que la photographie en Algérie n'a pas la place qu'elle devrait mériter. «Dans d'autres pays, on est arrivés à restaurer la photo, alors que nous, nous peinons à l'archiver. En France, il existe une cinquantaine de manifestations au service de la photo d'art, alors qu'ici, en Algérie, nous en avons à peine quelques-unes. L'existence des associations, ne suffit pas. Le ministère de la Culture doit d'abord faire un recensement des photographes : reporters, artistes ou amateurs. Il est aussi important d'étudier leurs problèmes, de les aider à s'améliorer avec des recyclages réguliers». Mieux encore, pour Ali Hefied, un photographe se doit non seulement de détenir un don mais également de se parer d'un certain bagage culturel. Ali Hefied planche actuellement sur un nouveau beau livre de mémoire réunissant les jeunes et les anciens artistes du théâtre algérien. Sa sortie est prévue pour l'année 2012. Il est à noter que le photographe Ali Hefied a déjà publié plusieurs ouvrages dont entre autres Timimoun (1988) avec Fannie-Colona, Regard sur le théâtre algérien (2003), Nedroma au long cours (2010) avec Nadjet Khadda ou encore Tlemcen.