Un rapport du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), publié mercredi et intitulé «Etat de la population mondiale 2011», prédit que le nombre d'être humains sur terre pourrait dépasser les dix milliards d'ici 2100, voire même les quinze milliards, alors que dans deux jours, selon les projections, la population mondiale atteindra les sept milliards d'habitants. Cette prédiction se réalisera à condition que les taux de fertilité se révèlent un peu plus élevés que les prévisions actuelles. «Avec seulement une légère variation de la fertilité, particulièrement dans les pays les plus peuplés, les chiffres pourraient être plus élevés que les estimations actuelles», souligne le rapport, en appelant à plus d'investissements dans la jeunesse et à placer les femmes sur un pied d'égalité avec les hommes. Le jalon des 7 milliards d'habitants «constitue un défi, une opportunité et un appel à l'action», a déclaré le Dr Osotimehin à Londres, lors de la présentation du rapport, qui a également été présenté dans plus de 100 autres villes de par le monde. Le document démontre que la poussée démographique s'est estompée dans les années soixante, mais paradoxalement, la planète compte quatre-vingts millions d'habitants supplémentaires chaque année. «Notre record de population peut être considéré à de nombreux égards comme un succès pour l'humanité. Les gens vivent plus longtemps, et en meilleure santé», note Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de FNUAP, avant de compter les défis qui émanent de ce constat : «Combien de gens notre Terre peut-elle supporter ? Ce sont des questions importantes, mais peut-être pas celles qui conviennent. Quand on regarde seulement les chiffres, on risque de perdre de vue les nouvelles opportunités de rendre la vie meilleure pour tous dans l'avenir». Dans son rapport, le FNUAP estime qu'il faudra aider les moins de 25 ans – qui représentent 43 % de la population mondiale – à créer de la prospérité en leur trouvant des emplois, prendre à bras-le- corps le problème de l'équilibre entre populations rurales et urbaines grâce à une meilleure planification urbaine, et mieux appréhender l'immigration, notamment dans les pays riches dont la population vieillit inexorablement. Egalement, il faut ajouter à cela une des plus grandes questions de ce siècle, celle du manque d'eau. «Le monde devra faire face à un déficit de 40 % entre les demandes et les ressources disponibles d'ici 2030», indique le rapport, qui rappelle également qu'il faut actuellement dix-huit mois à la Terre pour régénérer les ressources naturelles utilisées en une seule année. Mais selon la même source, tout le monde n'a pas bénéficié de l'amélioration de la qualité de vie. Il existe de grandes disparités entre les pays et en leur sein, aussi en matière de droits et de chances entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons, d'où la nécessité de tracer une voie qui mènera à un développement qui promeuve l'égalité. Sur les 7 milliards d'habitants de notre planète, 1,8 milliard sont des jeunes de 10 à 24 ans. le directeur exécutif du FNUAP a souligné que la jeunesse est la clé de l'avenir mais qu'il fallait lui offrir la possibilité de réaliser son immense potentiel, notamment en investissant dans sa santé et son éducation. le Dr Osotimehin a déclaré que «notre tâche est loin d'être achevée. Songez qu'il y a dans les pays en développement 215 millions de femmes en âge de procréer qui n'ont pas accès aux services de planification familiale volontaire. Il y a des millions d'adolescents et d'adolescentes qui ne disposent que d'un accès trop limité à l'éducation sexuelle et à l'information sur la façon d'éviter les grossesses ou de se protéger du VIH. Dans les zones de notre planète où la femme a un statut inférieur, les taux de survie des bébés et des enfants sont faibles. nous devons abattre les obstacles économiques, juridiques et sociaux de manière à mettre les femmes et les hommes et les garçons et les filles sur un pied d'égalité dans toutes les sphères de l'existence.» Déséquilibre entre les hommes et les femmes Dans le même contexte, un autre danger qui pointe le bout de son nez ne figure pas dans le rapport de l'Unfpa ; il est craint par le démographe français Christophe Guilmoto, représenté par l'éventualité d'un déséquilibre des sexes, «une masculinisation alarmante» selon sa formule, qui donnera des conséquences extrêmement sérieuses. L'expert comme tant d'autres estime que le déséquilibre hommes-femmes aura sur la société un impact similaire à celui du réchauffement climatique, invisible mais bien réel. Il explique que le ratio naturel de naissances est de 104 à 106 garçons pour 100 filles et tout changement de cette relation ne peut s'expliquer que par des facteurs inaccoutumés. Le démographe a fourni des précisions selon lesquelles il y aurait dans l'Inde ou le Vietnam une proportion de cent douze garçons pour cent filles. La proportion en Chine est de cent vingt garçons pour cent filles. Tandis qu'en Azerbaïdjan, en Géorgie, en Arménie, en Serbie et en Bosnie, les proportions à la naissance sont toutes de l'ordre de plus de cent quinze garçons pour cent filles. «Non seulement ces hommes vont devoir se marier à un âge plus avancé, mais ils risquent de devoir rester célibataires dans des pays où presque tout le monde avait l'habitude de trouver une femme», craint l'expert.