Pari gagné pour Belkhadem ! Sa détermination à vouloir prouver qu'il dispose d'une base solide et peut compter sur la loyauté de sa base. C'est dans une ambiance populaire que Belkhadem a invité, hier matin à la coupole, les jeunes venus nombreux, à l'occasion de la célébration du 1er novembre 1954 correspondant au 57e anniversaire du déclenchement de la lutte de Libération nationale. Le secrétaire général du FLN a fustigé les nostalgiques du colonialisme français. Dressant un réquisitoire des plus virulents à l'encontre de certains ministres et responsables français, M. Belkhadem a invité la jeunesse algérienne à s'imprégner de l'esprit révolutionnaire de leurs aïeuls afin de «défendre les symboles de la révolution du 1er novembre 1954 contre les prédateurs, nostalgiques de l'époque coloniale, qui veulent à tout prix salir la mémoire des martyrs». «Soyez une génération qui pardonne mais qui n'oublie pas» a poursuivi M. Belkhadem sans se priver de citer l'ancien et l'actuel ministre des Affaires étrangères, en l'occurrence MM. Kouchner et Juppé qui ont osé traiter d'«extrémistes» les algériens qui ont demandé à la France de reconnaître et de s'excuser pour les crimes commis en Algérie. Pour l'orateur, «les crimes commis par la France contre les Algériens resteront une infamie qui les poursuivra jusqu'à l'éternité. La vengeance n'est pas notre objectif mais nous voulons plutôt que la France aura le courage de reconnaître officiellement ses crimes». Sur sa lancée, M. Belkhadem a mis en exergue l'intransigeance de sa formation politique sur cette question. Aujourd'hui, on veut altérer la vérité et occulter les pratiques inhumaines contre les Algériens à travers des hommages aux harkis et la promulgation de lois glorifiant le colonialisme», a-t-il dit. Pour Belkhadem, qui fait de cette reconnaissance des crimes de guerre une question de principe pense qu'après les excuses de la France «on pourra tourner la page et établir une coopération fructueuse dans le respect mutuel». Voulant à tout prix inculquer les valeurs de la révolution algérienne dans l'esprit des nouvelles générations, M. Belkhadem a invité les historiens à écrire l'histoire de la lutte du peuple algérien contre le colonisateur français pour la préserver contre toute tentative de falsification. Une histoire riche en événement et en péripétie depuis la constitution du royaume de Numidie et de Mauritanie qui virent de célèbres rois berbères défendre le pays et sa culture contre les envahisseurs. Pour remettre les pendules à l'heure, M. Belkhadem a, par la même occasion, adressé un message clair aux personnes issues d'autres formations politiques et qui veulent «semer la zizanie au sein de son parti pour le déstabiliser», a-t-il dit. Allusion faite, bien entendu, sans les citer, à ses frères ennemis de l'alliance présidentielle. «Je ne comprends pas pourquoi ces gens-là s'attaquent au FLN à l'approche de chaque échéance électorale décisive. Pourquoi notre formation politique est le seul parti à subir ces attaques ? Veulent-ils redessiner la carte politique algérienne en nous écartant ?», s'est-il interrogé. Profitant de l'occasion, M. Belkhadem n'a pas manqué de signaler à ses adversaires politiques que «rien ne pourra se faire en Algérie sans l'approbation du FLN. Notre formation politique est majoritaire dans les deux chambres». Notons que Belkhdem a convoqué les militants des 48 wilayas ce qui lui a permis de faire salle comble de la coupole et que la longueur de son discours qui a duré plus de trois heures a ennuyé l'assistance au point qu'à la fin de son allocution, la salle s'est pratiquement vidée.