Son premier ouvrage, un dictionnaire chaoui-arabe, édité par le haut commissariat à l'amazighité mais tiré à très peu d'exemplaires en 2009, le Batnéen Tibermacine Fakihani, professeur de géographie, prépare la sortie de nombreux nouveaux ouvrages. En effet, le manuscrit de son second livre vient d'être achevé et devra constituer un complément à son dictionnaire chaoui-arabe. Parallèlement, Fakihani s'est lancé avec détermination dans la préparation de son troisième ouvrage. C'est une œuvre de longue haleine ayant nécessité une trentaine d'années d'observations des us, coutumes et aspects statiques et dynamiques du patrimoine de la société locale chaouie. Ces observations sont du reste corroborées par certaines recherches de spécialistes. L'auteur veut réussir son coup d'auteur pour présenter au lectorat national et à la diaspora chaouie de l'étranger les multiples facettes de la vie des Chaouias des Aurès. C'est dans le fond un regard de l'intérieur — celui d'un Chaoui authentique — qui aura le mérite de contraster avec les regards extérieurs des auteurs algériens ou des auteurs français, qui ont eu à faire paraître des ouvrages et des recherches sur les Aurès. Cette région légendaire ou ancien royaume de la Kahina, qualifiée par la suite de Bled El-Baroud, n'a pas fait l'objet de beaucoup d'écrits après l'indépendance. Car, antérieurement, les Français ont de tout temps tenu à accompagner la colonisation de recherches afin de percer le «mystère» des Aurès. Outre des travaux commandités à des intellectuels, historiens ou sociologues par les hautes sphères de la colonisation (le parti colonialiste selon Ageron), il n'en demeure pas moins qu'il y a eu des auteurs indépendants. Charles Robert Ageron (L'insurrection des Aurès de 1916), Mathéa Gaudry (La femme chaouie), Germaine Tillion (Le harem et les cousins), ont su apporter des éclairages objectifs sur la société chaouie. Loin de faire le poids devant les œuvres de tels universitaires et chercheurs français en raison de leur envergure intellectuelle, Tibermacine Fakihani veut cependant apporter sa pierre à l'édifice et selon son style et sa méthodologie. Déjà, son dictionnaire chaoui-arabe a réjoui de nombreux Algériens, mais l'ouvrage aurait mérité un tirage assez important et une large diffusion à travers le territoire national. D'autant qu'il peut servir d'outil pédagogique pour ceux et celles qui font l'apprentissage de la langue amazighe dans nos écoles publiques. Peut-être sera-t-il agréé officiellement, ce qui permettra son tirage par les soins du ministère de l'Education nationale auprès de l'Office des publications scolaires. Ce produit culturel et de linguistique aura sans doute sa place dans nos bibliothèques après qu'il ait été exposé par le HCA en France, en Allemagne et au Canada. Pour l'auteur, «la génération de Novembre 1954 a fait éclipser la civilisation chaouie et aujourd'hui, l'on doit tout mettre en chantier».