Le journaliste et écrivain Achour Cheurfi livre là un ouvrage de référence qui constitue l'aboutissement d'un travail de plus de 20 ans. Bien connu des lecteurs de la presse nationale, notamment d'El Moudjahid, Achour Cheurfi, âgé de 52 ans, est également poète et nouvelliste. On lui connaît dans le premier genre deux recueils intitulés Cornaline et Chahla, suivis de Danse infidèle et, dans le second, La Maison maudite et La Colombe du Président. Sans jamais cesser ses incursions littéraires, mais ne publiant presque plus sur ce registre, il s'est consacré depuis plus de 20 ans à la conception de dictionnaires thématiques. Un travail de fourmi mené avec une détermination et une constance pour le moins étonnantes. Il a ainsi signé en 1996 Mémoire algérienne, recueil de biographies des intellectuels algériens, la qualification étant entendue dans son sens large, à savoir « ceux qui conçoivent et diffusent la culture ». En 1997, c'est le Dictionnaire des musiciens et interprètes algériens qui recense l'ensemble des gens de l'art avec 300 illustrations d'accompagnement. Il publie ensuite en 2002 La classe politique algérienne de 1900 à nos jours qui comprend 700 notices sur les acteurs principaux du mouvement nationaliste et les représentants des courants politiques divers de l'Algérie du XXe siècle. Deux ans plus tard paraît Le livre des peintres algériens, dictionnaire biographique également où figurent 1500 entrées portant sur les artistes de toutes les disciplines. En 2005, c'est le Dictionnaire de la Révolution algérienne (1954-1962) à travers lequel il offre une recension quasi systématique des personnalités de cette histoire mais aussi les lieux, organisations, hauts faits, etc. Et voilà qu'Achour Cheurfi revient au devant de la scène éditoriale avec Le Dictionnaire encyclopédique de l'Algérie*, changeant par là même d'éditeur puisqu'il passe ainsi à l'ANEP après Casbah Editions qui avait assuré ses dernières publications. On notera que le choix de la période pour la sortie de l'ouvrage n'est peut-être pas la meilleure, l'ouvrage n'étant pas à proprement parler un livre d'été. Mais cette erreur de ciblage saisonnier ne saurait amoindrir l'effort de travail investi dans ces 1236 pages. L'auteur a capitalisé naturellement tous ses précédents ouvrages, apportant des corrections et améliorations aux informations déjà publiées, lui qui a souvent regretté que les contraintes de l'édition nationale ne permettent pas des éditions « revues et augmentées » comme le veut l'usage en matière de dictionnaires et d'encyclopédies. Mais Le Dictionnaire encyclopédique de l'Algérie ne se limite pas à la synthèse des précédents ouvrages. Il englobe bien d'autres domaines, s'efforçant à l'exhaustivité des thèmes. Ainsi, sur les 15 000 entrées disponibles, c'est une image globale de l'Algérie qui est proposée à travers le temps et l'espace. L'amplitude historique de son contenu s'exerce sur 2000 ans et plus et le territoire national est balayé dans sa quasi-totalité. On y retrouve les biographies de l'ensemble des représentants des élites — ou supposées telles — du pays (intellectuelles, artistiques, politiques, économiques, sportives…). Des notices viennent compléter ce paysage humain et éclairer le lecteur sur les secteurs les plus significatifs de la vie d'un pays : l'environnement, les médias, l'éducation, etc. Achour Cheurfi a ajouté également des minimonographies des villes et agglomérations principales. Bref, il s'agit d'un travail monumental et il est certain que notre confrère s'exposera encore aux critiques des spécialistes de chaque discipline. Il est vrai que ce genre d'ouvrages se réalise généralement en équipes pluridisciplinaires. Mais de telles initiatives ne peuvent venir que des maisons d'éditions qui, seules, sont en mesure de financer de tels projets et encore, avec le soutien de l'Etat, s'agissant d'œuvres d'utilité publique. Et si Achour Cheurfi a décidé de faire œuvre utile, c'est bien à son honneur. Il présente là un travail qu'il reconnaît perfectible mais qui constitue autant un outil pour les spécialistes et étudiants qu'un moyen de découverte à entreposer dans les bibliothèques familiales. Cheurfi (Achour). Dictionnaire encyclopédique de l'Algérie. Anep, Alger, juin 2007, 1236 pages. Prix : 2400 DA.