La convocation à l'initiative du secrétaire général de la Ligue arabe d'une réunion extraordinaire aujourd'hui au Caire des ministres arabes des Affaires étrangères sur la crise syrienne intervient au lendemain de l'échec de la feuille de route dans sa contribution au règlement de la crise en question. La commission de la Ligue arabe, présidée par le Qatar, en charge de jouer un rôle entre Damas et l'opposition syrienne, a, en définissant les premières mesures à adopter pour asseoir la voie du règlement de la crise syrienne, d'ores et déjà raté le début de sa mission. En mettant en priorité l'arrêt de l'effusion du sang, le retrait des forces de sécurité et des militaires des villes syriennes et la tenue d'un dialogue, sous l'égide de la Ligue arabe, entre Damas et l'opposition. Des points qui pour bon nombre d'observateurs n'ont pas été à la hauteur des attentes du peuple syrien, aspirant à un sursaut démocratique dans la sérénité et la stabilité. Si Damas a depuis le début de la crise syrienne emprunté la voie de réformes politiques profondes en réponse aux aspirations exprimées pacifiquement par les Syriens, la violence qui s'en est suivie a apporté son lot de complications. A ce propos, si les institutions internationales, dont l'ONU et la Ligue arabe, se sont empressées à condamner Damas pour sa répression de manifestations de Syriens, aucune commission d'enquête dûment mandatée pour s'enquérir de la réalité des faits n'a été créée. Sur des informations fournis par certaines chaînes satellitaires, arabes ou occidentales, le Conseil de sécurité a adopté des résolutions de sanctions contre Damas, faisant fi d'informations et de rapports émis par des institutions dûment reconnues. Qu'il s'agisse de témoignages et de reportages diffusés par des journalistes-reporters étrangers qui se sont déplacés en Syrie, de députés et ceux de touristes. Ces derniers ont eu à indiquer dès les premiers jours de la crise, que des «groupes armés» ont été à l'origine «d'actes de violence» et que, pour rappel, bon nombre d'acteurs de l'opposition syrienne de l'intérieur n'ont cessé de dénoncer. Un angle de vue non pris en compte par la Ligue arabe. Il est à rappeler que l'initiative arabe en direction de la crise syrienne est intervenue suite à l'échec du Conseil de sécurité dans son adoption d'une résolution condamnant Damas suite aux veto russe et chinois. Par ailleurs, la création du Conseil national syrien, représenté dans sa majorité par des opposants installés à l'étranger, après d'intenses tractations entre ses membres, a révélé aussi les divergences de fond avec l'opposition de l'intérieur. Cette dernière, par sa vision politique dans la dynamique des réformes politiques en cours en Syrie, s'est fixée des lignes rouges, dont le refus de toute ingérence étrangère. Les discussions entre Damas et le Conseil national syrien au Caire sous la l'égide arabe semble plus s'inscrire sur la voie de la reconnaissance du CNS en tant que partie représentant les Syriens sur la scène internationale. Ainsi, le premier responsable du CNS, Bourhan Ghalioune, a exprimé le souhait de voir l'Egypte abriter le siège central du CNS. La réunion d'aujourd'hui marquera la nouvelle étape devant caractériser le rôle de l'organisation de Nabil Arabi dans la crise syrienne, d'autant plus que le rôle joué par la Ligue arabe sous le règne d'Amr Moussa a été à l'origine de l'intervention étrangère en Libye. La Syrie par sa position géostratégique et le niveau de conscience politique de son peuple semble en mesure de dépasser la crise.