L'intervention de Akli Saïm, directeur de la Compagnie Algérienne d'assurance et de garantie des exportations, a porté sur «l'assurance crédit et le financement à l'export». L'intervenant a présenté d'une manière succincte la situation actuelle dans les différents marchés internationaux. Un constat qui permet d'édifier les chefs d'entreprise sur les risques qu'ils encourent même dans les marchés traditionnellement sûrs. Comme c'est le cas en Europe ou en Amérique du Nord. En outre, il est temps qu'ils réfléchissent autrement pour aménager leur politique de crédit, et ce, par l'introduction d'une certaine dose de professionnalisme dans leur commerce international, notamment par le recours à une démarche de Risk Management. Le marché international a été marqué depuis 2008 par une crise qui a provoqué l'effondrement des équilibres macro et microéconomiques d'un grand nombre de pays et d'entreprises. L'ampleur de ce choc n'a épargné aucun pays de par le monde, notamment la zone Etats-Unis, Europe et Asie du Sud-Est. Cette crise, qui risque de perdurer, entraînera dans son sillage une destructuration des activités d'un bon nombre d'entreprises. Elle accentuera forcément la crise et le risque crédit. Les assureurs crédits sont unanimes quant à la gravité de la situation et recommandent une vigilance accrue dans la conclusion des transactions commerciales. Selon la Coface, la zone Europe se trouve fortement perturbée par les dettes souveraines. Les plans d'austérité ayant occasionné un ralentissement de la consommation et l'accès des entreprises au financement bancaire. Elle affichera une croissance de 1,3%, en cette année contre 1,8% en 2011. En contrepartie, les incertitudes politiques dans la zone Moyen-Orient /Afrique du Nord pourraient affecter l'activité et amplifier les déséquilibres financiers publics et tasser les recettes en devises. La Coface a décidé de mettre sous surveillance négative la Tunisie (A4) et l'Egypte (B). En effet, la phase de transition politique que connaissent ces deux pays est porteuse de fragilité à court terme. La note de la Syrie (C) est aussi mise sous surveillance négative compte tenu de l'amplification de la contestation politique dans un environnement des affaires déficient. La Libye, subira une très violente contraction de l'activité d'au moins 15%, est déclassée en D. La situation économique dans la zone subsaharienne demeure difficile du fait du tarissement des financements lié à l'instabilité de la situation politique et aux tensions sécuritaires dans la région. Cependant, certains indicateurs laissent présager une amélioration des ratios macro-économiques suite à l'annulation et/ou allégement de la dette comme ce fut le cas pour le Mali, le Niger et le Sénégal. En Asie, au Japon précisément, le séisme et le tsunami, conjugués à la crise nucléaire, aura un impact négatif sur la chaîne de la production mondiale (précisément la chaîne mondiale de la sous-traitance et l'interdépendance caractérisant les processus de fabrication). Au Vietnam, l'économie pourrait connaître un atterrissage brutal dû à la forte détérioration de la situation financière du pays. Aux Etats-Unis d'Amérique, la situation des petites et moyennes entreprises est fragilisée par le ralentissement des ventes, elles ont peu recours aux crédits bancaires. Les banques demeurent fragiles. Le nombre des faillites demeure assez élevé, malgré une légère diminution de -7,4% en 2010. La reprise de l'économie américaine restera tributaire de la reprise de l'emploi et de la consommation interne. Au Canada, l'économie est caractérisée par une dépendance vis-à-vis des USA. Une compétitivité entravée par l'appréciation du dollar canadien et l'endettement élevé des ménages. Cependant, il y a lieu de noter que contrairement aux USA, les entreprises canadiennes accèdent facilement au crédit bancaire. Dans ce contexte, il est difficile pour l'entreprise de définir à l'avance l'acheteur qui lui posera des problèmes de non-paiement. Les opérateurs économiques avertis savent qu'il peut y avoir de bonnes entreprises dans de mauvais pays et de mauvaises entreprises dans de bons pays. Et que le risque global est fonction tout à la fois des spécificités de l'entreprise, et de celles du pays dans lequel elle opère. Entre 25% à 50% des non- paiements sont posés par des clients stables et connus par leurs fournisseurs. Un dépôt de bilan sur trois est causé par un acheteur défaillant. La vente à crédit est devenue un passage obligé pour l'entreprise d'aujourd'hui. En raison de la concurrence effrénée induite notamment par la multiplication des intervenants, les surcapacités de production, le rétrécissement des marchés. Le crédit, une condition essentielle à l'accroissement des échanges, est omniprésent à tous les niveaux des échanges commerciaux. Vendre à crédit, accorder des prorogations d'échéances, accepter de négocier le mode et la durée de paiement sont autant d'arguments commerciaux pour l'entreprise que de choix stratégiques qui l'engagent financièrement. En somme, l'entreprise est devant un choix stratégique, soit effectuer un lourd investissement dans une structure capable d'analyser et de surveiller le risque clients, soit recourir à un système qui a fait ses preuves, peu coûteux. C'est l'assurance crédit.