Le recensement des oliviers algériens présente de grosses difficultés. Tout d'abord, près de la moitié des arbres sont plantés plus ou moins isolément à une densité inférieure à 5o sujets à l'hectare. Cet état dispersé n'est guère favorable à un inventaire précis. Par ailleurs, les 2/3 des plantations appartiennent à des paysans autochtones dont le caractère ne prête pas beaucoup à l'établissement de statistiques. Aussi ne doit-on pas rechercher dans celles-ci une exactitude à laquelle elles ne peuvent prétendre. Elles marquent simplement un ordre de grandeur, mais leur ensemble peut fournir, sur un certain nombre d'années, une image assez fidèle de la tendance. Sous ces réserves, on compte, pour l'ensemble de l'Algérie, une superficie comprise entre 85 et 100 000 hectares renfermant environ 10 millions d'arbres, dont 8 500 000 en production. Par rapport aux autres cultures fruitières algériennes, c'est beaucoup. L'olivier occupe, en effet, la première place avant le figuier (8 millions de pieds), le dattier et les agrumes (chacun 7 millions). En superficie, il s'étend sur le 1/3 de l'espace dévolu aux cultures fruitières arborescentes. En nombre, il compte pour 28%, mais le tonnage des olives récoltées ne dépasse guère le quart de notre production fruitière. Si nos dix millions d'oliviers détiennent une large part dans notre activité arboricole, ils pèsent bien peu dans l'oléiculture mondiale. Par rapport à nos voisins immédiats, nous nous trouvons sensiblement à égalité avec le Maroc, mais nous possédons à peine la moitié des arbres qui font la richesse de la Tunisie, pays qui est sans doute, de toute l'Afrique du Nord, le plus petit, le plus déshérité, mais n'est pas le moins dynamique et devant lequel les oléiculteurs du monde entier doivent s'incliner, car il a su tirer un parti inespéré de conditions climatiques particulièrement rudes. Malgré la vitalité qu'elle manifeste avec tant de bonheur dans de nombreux autres domaines de l'activité agricole, l'Algérie n'a pas, à l'égal des autres pays méditerranéens, tiré de l'arbre de Minerve tous les avantages que lui conférait un climat parfaitement adapté à ce genre de culture. L'Espagne possède 2o fois plus d'oliviers que nous, l'Italie 6 fois, la Grèce 6 fois, le Portugal 2 fois. Nous rechercherons plus loin les causes d'une désaffectation pour le moins surprenante.