La chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) de Batna est devenue comme une ruche d'abeilles où la fréquentation massive des citoyens et des jeunes dégage une effervescence stimulatrice pour le travail efficient. C'est cette institution qui a la charge de traduire sur le terrain la politique de l'Etat en actes devant engendrer un renouveau de l'artisanat traditionnel et moderne. Le directeur de la chambre, Ramdani Smaïl, nous a déclaré que la situation de ce secteur a fait l'objet d'un diagnostic et d'une stratégie mise en place pour 2010-2014 qui consiste désormais à sauver les métiers en déperdition dont regorgeaient jadis les Aurès, renforcer la formation, accompagner les gens des métiers artisanaux auprès de l'Angem pour l'obtention de micro-crédits. Ces efforts déployés au quotidien, outre un management en étroite collaboration avec le Bureau international du travail, font de la chambre de l'artisanat et des métiers un partenaire incontournable pour les artisans de la région et les jeunes désireux d'entrer dans cette confrérie qui mise sur la réhabilitation traditionnelle – le fameux label des Aurès – et l'introduction des nouveaux métiers de l'artisanat d'art qui est proche du design moderne mais avec des motifs typiquement traditionnels et valorisants puisque de signification identitaire. La Chambre encourage aussi bien les femmes au foyer que les jeunes activant dans des lieux de production ou de création ainsi que les hommes d'affaires qui tiennent à investir dans la branche de l'artisanat d'art. Selon le directeur, Batna est reconnue au plan national comme centre d'excellence de l'orfèvrerie en ce qu'elle s'est transformée en véritable pôle du bijou en or. En novembre prochain, la Chambre de l'artisanat et des métiers supervisera officiellement l'ouverture d'un atelier de poterie à T'Kout que réalise actuellement un opérateur économique privé. Serait-ce une alternative au dangereux métier de la taille des pierres qui a fait à ce jour 58 décès à T'Kout en raison de la silicose ? Une alternative, c'est beaucoup dire mais il faut un début à tout. La CAM concocte, d'autre part, un plan destiné à permettre la promotion du bijou aurésien en argent qui a perdu de sa superbe et même les traces de son existence depuis que les anciens artisans de la région ont disparu. Une nouvelle génération doit nécessairement prendre la relève. La CAM milite aussi à susciter l'intérêt d'un retour au travail du tapis et déjà une quinzaine de tapissiers traditionnels ont bénéficié d'une aide de l'Etat concrétisée par la Chambre de l'artisanat et des métiers. Batna est en passe de se doter enfin d'une maison de l'artisanat, projet retenu par les autorités et vivement encouragé par le wali, El Hocine Mazouz, sans cesse revendiqué par les artisans de la région. Une salle d'exposition y sera incluse afin d'assurer une permanente promotion populaire de l'artisanat. Jusque-là, la CAM a pour habitude de faire participer les artisans des Aurès aux foires et salons internationaux. La cuisine et la pâtisserie traditionnelles prendront leur place dans la panoplie des métiers à relancer, tout comme la couture. Fournir des incitations et contribuer à la réussite des activités ne sont pas les seules missions de la CAM mais celle-ci effectue la normalisation internationale des produits. C'est la raison pour laquelle des actions de formation sont entreprises par la Chambre de Batna. Des formateurs marocains ont pu assurer à Batna des cursus de formation, un jumelage étant en cours avec l'Union européenne et une délégation espagnole et une autre française ont séjourné à Batna. Par ailleurs, la Chambre dote les jeunes dépourvus de qualification d'attestation leur permettant de décrocher un soutien matériel de l'Angem. En 2010, 5 000 jeunes ont obtenu des attestations et la Chambre enregistre 1 000 demandes de délivrance de carte d'artisan contre 756 en 2010. La création d'emploi par tout artisan étant automatiquement multipliée par deux. Sur le terrain, on dénombre pas mal d'artisans qui travaillent au noir, c'est-à-dire dans le secteur de l'informel. Avec toutes les actions positives et concrètes que mène la Chambre de l'artisanat et des métiers de Batna, nul doute que la situation du secteur connaîtra des changements salutaires et la réhabilitation de l'artisanat aurésien – très prisé par les touristes européens – n'est finalement qu'une question de temps.