L'est du pays a connu une recrudescence inquiétante des accidents de la route dont le nombre a augmenté de 28%. Selon le colonel Mohamed Tahar Benamane, chef d'état-major du 5e Commandement régional de la Gendarmerie nationale (CRGN), qui s'exprimait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, il y a eu, cette année, dans les 15 wilayas de l'est du pays, 7 224 accidents de la circulation (sans compter les accidents constatés par les autres services) qui ont fait 1 049 morts et 13 401 blessés, autrement dit, fait-il remarquer, 24 accidents, 3 décès et 45 blessés par jour. Il souligne que les statistiques régionales et nationales font ressortir que dans 85% des cas, l'erreur humaine est en grande partie le facteur principal ayant entraîné ces accidents, comme le confirment les faits suivants qu'il cite : l'excès de vitesse (2 104 accidents), le dépassement dangereux (611), le refus de priorité (213) et l'arrêt et stationnements dangereux (124). L'état des routes et l'environnement (signalisation, éclairage, points noirs et autres) ne représentent que 15% des causes des accidents (avec les conditions climatiques), ajoute-t-il. Ce constat a amené le 5e CRGN à organiser une campagne de prévention d'une semaine dans ces 15 wilayas de l'Est du pays, dont l'importance ressort de la superficie qu'elles couvrent (80 000 km), du nombre d'habitants (6,6 millions), de la taille du réseau routier (long de 32 000 km, soit 28% du réseau routier national, dont 515 km d'autoroute et 5 773 km de routes nationales), avec 1,5 million de véhicules immatriculés dans ces wilayas (25% du parc automobile national) sans compter les véhicules qui traversent ces wilayas. Cette campagne qui se déroule du 15 au 21 novembre 2011, a comme titre «il est temps de réveiller les consciences et se conformer aux règles de la sécurité routière». L'objectif de cette campagne est de contribuer à inculquer le civisme routier et à amener les conducteurs à respecter le code de la route (notamment la signalisation), à appliquer les règles de bonne conduite. L'ambition est d'enrayer ce phénomène qui pèse très lourd sur les familles et sur le Trésor public, pour cela les consciences doivent bouger et être mises à contribution pour faire cesser l'hécatombe, estime le chef d'état major du 5e CRGN. La campagne visera en particulier le milieu scolaire. La loi actuelle est, en partie, répressive, conséquente, adaptée à une criminalité sur les routes qui devient de plus en plus dangereuse au vu du nombre effrayant du nombre des accidents de la circulation, fait-il observer, mais, ajoute-t-il, chaque loi doit-être revue périodiquement, pour l'adapter à une nouvelle forme de criminalité, de nouveaux comportements. Il estime que l'actuelle législation (Ordonnance du 11 octobre 2009) si elle est appliquée dans toute sa rigueur peut régler en partie le problème posé par les accidents de la route. Il trouve qu'il y a des lenteurs administratives (rétention et retrait de permis de conduire) qui font que la sanction n'est pas ressentie par les conducteurs. Il reconnaît que la loi n'est pas exécutée dans toute sa rigueur et qu'il y a, de la part des gendarmes, une tendance à la tolérance, propre à notre pays et à notre mentalité, (beaucoup de conducteurs travaillent avec un permis de conduire et son retrait entraîne, pour eux, une privation de revenus) et également à la compréhension vis-à-vis des jeunes (qui ont besoin de liberté et de s'extérioriser). Les agents ne font pas que de la répression car, explique-t-il, s'ils ne faisaient que la répression, ils retireraient 80 % des permis de conduire de tous ceux qui sont sur les routes. Il y a donc, ajoute-t-il, d'abord une mission de prévention, d'éducation, pour leur inculquer les règles de bonne conduite sur les routes avant de passer à la partie répressive. Il faut, dit-il, agir sur les consciences d'où l'organisation de la campagne de prévention dont il espère qu'elle aura un impact positif. Le colonel Benamane estime que le permis à points est une solution qui fera sentir la sanction sur le conducteur, surtout du fait que les retraits et rétentions de permis de conduire subissent les lenteurs administratives. Il fait savoir que la Gendarmerie nationale dispose de radars (plus de 180 radars au niveau du 5e Commandement régional, répartis sur les 15 wilayas) ainsi que de télétachymètres et de télédétecteurs d'alcool. Enfin, il trouve que la formation dans les auto-écoles est insuffisante et doit être modernisée.