Sur la RN 14, qui relie la wilaya de Mascara àTiaret, chaque matin à 6h45, des dizaines d'écoliers parcourent plus de six kilomètres à pied pour rejoindre leurs établissements. Du fait de la carte scolaire, des distances entre les divers hameaux éparpillés sur cette dangereuse route nationale et de l'unique école située sur le CW 93A qui relie le chef-lieu de wilaya à la commune de Matemore, un spectacle hideux et de désolation s'offre à nous. Cette randonnée pédestre qui se déroule du samedi au jeudi, c'est-à-dire à la longueur de semaine, expose ces petits enfants à tous les dangers, car les accès à cette école sont de moins en moins sûrs. L'ex-ferme Dali, des frères Benyamina, Dirandot, etc., des hameaux dispersés, enclavés, complètement marginalisés sont confrontés, comme les autres communes rivetées, à un manque de transport pour cette frange de la population, que sont les petits écoliers. Les bus qui font la navette entre Zellaga et Sid'Ahmed Ben Ali, qui sont au nombre de quatre, mis à la disposition des enfants dans la commune de Matemore, ont incontestablement atténué le danger, mais il subsiste une certaine mauvaise répartition de ces bus. Ces écoliers, dont le nombre est important, ne profitent pas de l'Etat providence. Les différents transporteurs privés qui empruntent la RN14, et ce, dans les deux sens, restent totalement indifférents à cette inégalité sociale des plus criantes dans cette région. L'indifférence des uns et des autres et l'individualisme extraordinaire, où la promotion du ramassage scolaire est menée à chaque occasion tambour battant, ont finalement inversé la logique au profit des populations défavorisées. La réalité est tout autre. Une clause qui sera donc certainement revue par les responsables concernés par ce problème humanitaire. Interdire indirectement via des subtilités diverses l'accès au transport aux enfants doit altérer les pouvoirs publics sur les dangers de l'insécurité routière, les risque d'agression d'où l'inquiétude des parents pour la sécurité de leurs enfants. Ces enfants livrés à eux-mêmes font la plupart du temps de l'auto-stop pour se rendre à l'école, avec tous les dangers qui peuvent en découler. De l'autre côté de la barrière sur le CW 93A, le même scénario se produit : les écoliers qui résident dans des fermes disséminées, à l'exemple de la ferme Si-Hammou, Bouazid, M'hafidh, Zazafine sont forcés à la marche à pied. Qu'il vente ou qu'il neige ou qu'il pleuve, comme c'est le cas ces derniers jours, les écoliers sont confrontés à la même difficulté, celle de l'absence de transport scolaire. Les responsables restent insensibles à ces exclusions éhontées, ce qui n'incite pas à l'optimisme. Rarement le sort des enfants n'aura été autant évoqué dans ces dernières années dans la wilaya de Mascara, comme si le monde découvrait soudainement que les enfants défavorisés sont trop souvent les victimes des excès du monde adulte ou plutôt des responsables. La Convention relative aux droits de l'enfant procède d'un changement important dans la perception de la place de l'enfant dans la société. Une petite révolution dans la mesure où l'individualité des enfants encore niée dans un grand nombre de pays, à l'exemple dans ce qui se passe dans la wilaya de Mascara et d'autres régions du pays. L'Algérie qui a ratifié ce texte fondamental doit passer aux actes.