À la veille de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, une conférence-débat s'est tenue hier au forum d'El Moudjahid. Animée par Mme Salima Bouzghoub de l'Institut Pasteur et par des représentants d'associations de personnes atteintes du VIH-sida, cette rencontre s'est intéressée à la situation de cette pathologie en Algérie. Ce fléau a touché à ce jour, 6 615 personnes entre les sidéennes et les séropositives depuis la date de l'apparition de cette maladie virale ; le Sida est toujours considéré comme tabou dans notre société, condamnant ainsi les malades à vivre une vie d'exclusion et d'isolement. Pour le président de l'association solidarité AIDS Larbess Salim, « le malade souffre d'une marginalisation dans notre société. À travers notre association et en dépit du fait de l'absence du soutien financier de l'Etat nous tentons de soutenir cette catégorie de personnes avec les faibles moyens dont nous disposons». Quant à la prise en charge des malades, l'orateur a dénoncé l'exclusion exercée par le personnel médical autrement dit par des praticiens dentistes, médecins généralistes; qualifiant ce comportement du corps médical de non- assistance à personne en danger de mort, constituant un délit puni par la loi. Larbess Salim a appelé les victimes de ces comportements à «rapporter ces faits aux autorités pour y mettre un terme». Cette rencontre a été l'occasion pour les intervenants de mettre l'accent sur la nécessité de sensibiliser les jeunes âgés de 25 à 39 ans quant au danger que représente cette infection, relevant qu'ils constituent la catégorie la plus exposée à la contamination. D'autant plus, que cette frange de la population est exposée d'une façon massive au premier facteur d'infection par le virus, autrement dit par les rapports sexuels non protégés et par les injections intraveineuses liées souvent à l'utilisation de seringues non stérilisées pour des besoins de consommation de stupéfiants. Les personnes atteintes du virus d'immunodéficience humaine (VIH/SIDA), dispose d'une espérance de vie, selon Mme Bouzghoub, pouvant atteindre les 30 années si un suivi scrupuleux du traitement prescrit est respecté. Toutefois, cette estimation se voit altérée, en Algérie, par la pénurie répétée en stocks de médicaments; une crise, faut-il le rappeler, ayant nécessité l'intervention du Premier ministre Ahmed Ouyahia. Chaque année, le ministère de la Santé présente un bilan quant à l'évolution de cette maladie; «Des chiffres qui ne reflètent pas du tout la réalité et faussés par plusieurs paramètres» ; ce constat fait par la représentante de l'institut Pasteur, s'appuie sur le fait que certains laboratoires «ne déclarent pas les cas qu'ils ont dépistés, occultant ainsi des résultats obtenus au cours d'analyses de routine» a affirmé Mme Bouzghoub en ajoutant «cet acte s'ajoute à la nature de la maladie qui reste un tabou dans notre société». Dans le même sillage, l'oratrice a indiqué que 16 nouveaux cas de nourrissons séropositifs ont été recensés en 2010 , alors que 13 nouveaux cas de séropositivité adultes ont été découverts dans la région sanitaire au centre du pays.